Luc 11,15-26: De mal en pis ?

La condition de cet homme est tragique !
Le voici délivré de l’esprit impur qui empoisonnait tout le champ de ses relations et l’exilait dans une solitude noire, étranger à sa propre demeure. Il prend un soin extrême à effacer de sa maison toutes les traces de son malheur passé, il s’active et met de l’ordre…
Dans un zèle intempestif et peu réaliste, n’aurait-il pas éradiqué toute son histoire, jusqu’à la mémoire de l’expérience du salut dont il a bénéficié ? Le voici vide de lui-même, dans une demeure devenue inhabitable ! Non seulement, il s’éprouve isolé, mais encore désolé, sans lien, sans consistance…
Et c’est précisément ce vide, cette incapacité à ouvrir en lui un espace pour aller vers lui-même et se poser en lui-même, dans sa densité singulière, qui laisse le champ libre aux « sept autres esprits plus mauvais encore que le premier ».

Pour éviter d’aller de mal en pis dans la vie spirituelle, sans doute devons-nous consentir à une autre forme de solitude :

Faire de notre espace intérieur une demeure hospitalière où nous recueillir, nous accueillir, nous rassembler dans notre être unique et singulier. Faire de notre espace intérieur en chemin d’unification, non pas une maison balayée à tous les vents, mais une demeure hospitalière à autrui et à cet Autre devant qui nous tenir debout et silencieux, enracinés dans notre histoire d’ombres et de lumière…

Sr Frédérique Oltra, communauté duCaire, Egypte vendredi 10 octobre 2014