Luc 15,1-3.11-32

« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » récriminent les scribes et les pharisiens ... Alors Jésus leur dit cette (désormais devenue célèbre) parabole du fils prodigue —que l'on devrait plutôt appeler celle de l'homme et de ses deux fils : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père ...». Dès la première revendication du fils cadet, celle de l'héritage,  jusqu'à l'exaspération du fils aîné (qui reproche à son père de ne jamais avoir tué un chevreau pour lui), le lecteur peut remarquer les deux impasses de l'avoir, celle de la boulimie ou du gaspillage contre celle de l'anorexie ou du non accueil du don, faisant mentir la déclaration paternelle : « Tout ce qui est à moi est à toi. »
Les deux fils, chacun à leur manière, sont invités dans la parabole à visiter leur être profond, qui se révèle non dans l'extériorité de leurs avoirs, mais dans la vérité de leur relation interpersonnelle. C'est-à-dire dire savoir dire "mon père" et "mon frère".
Voila ce qu'enseigne Jésus aux scribes, aux pharisiens et aux pécheurs en s'asseyant à la table commune et en partageant le pain avec eux tous, il inaugure cette fraternité terrestre du partage, en les appelant à se tourner et à prier l'unique père céleste pour lui dire : "notre Père".

"Lequel d'entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ?" (Mt 7)

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, samedi 22 mars 2014