3è dimanche de l’Avent:
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© Gérard de Saint-Jean (Geerten tot Sint-Jans, 1460-1490), La nativité, National Gallery, Londres..
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Jean 1, 6-8.19-28:
“Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ”
“ Préparez le chemin du Seigneur, [...]
Jean proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi.»”
La liturgie nous donne de méditer en ce troisième dimanche d'Avent, le même récit que dimanche dernier mais dans sa version johanique.
Restons donc sur le même tableau, pour poursuivre notre lecture picturale.
Passé l'éblouissement du premier regard, nous nous habituons peu à peu à l'obscurité. Nous apercevons, alors, en bas du tableau, les très fins filaments de lumière irradiant du petit corps nu de l'enfant lumière : "je suis la lumière du monde" (Jn 8,12).
Tel l’effet du révélateur chimique d’une chambre noire, trois autres plans se révèlent doucement, comme pour une épreuve photographique.
- À la verticale même de l’enfant, remontons jusqu’à l’ange, en haut du tableau. Une miniature illustre l’annonce faite aux bergers. Le feu de leur veille répondant au corps luminescent de l’ange.
Hommes et bêtes se sont groupés en demi-cercle face à l’ange. Tous sont immobiles, certains à genoux, un autre levant les bras au ciel. Les détails de cette scène et la finesse de narration, nous fait entrer dans ce mystère, où ces pauvres hommes tirés de leur sommeil auront à témoigner de la lumière faite chair. Ils auront à descendre tout en bas, jusqu’à la crèche pour reconnaitre et adorer celui qu’ils ne voient pas encore, mais dont il leur est dit qu’il est la vraie lumière (ni celle de leur foyer, ni même celle même de l’ange).
- Juste entre l’enfant et les bergers apparaît alors une énorme tête de boeuf, presque disproportionnée par rapport au visage de Marie ou celui de l’enfant minuscule. Il nous dit tout l’étonnement et tout le silence de la création face au visiteur de la mangeoire.
- Dans la longueur du tableau sur le bord droit, une silhouette se détache, celle humble et cachée du serviteur, à l’ombre de Marie, à l’ombre de l’enfant : Joseph. Dans une attitude de profond recueillement, seule manière de percer le mystère de ce fils venu de Dieu, il incarne pour les spectateurs, la parole de Jean :
“Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas [...]”. Il ne sait pas ... il adore silencieusement le Verbe, dans la nuit de la foi.
“je n’ai pas su où j’entrais / mais là quand je me suis vu / sans savoir où j’étais / saisissant l’inconnu / je ne dirai pas ce que j’ai perçu / car je suis resté ne sachant plus / toute science suspendue / c’était parfaite science / une paix absolue.” (Jean de la Croix)
Sr Nathalie Le Gac, CSJ, Mechref (Liban), 14 décembre 2014 |