© Arcabas
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Luc 9,22-25
Entrons plus avant dans l'épaisseur du bois
« Soyons en joie, Aimé,
et allons-nous en nous voir en ta beauté
au mont et à la colline
d'où jaillit l'eau pure ;
entrons plus avant dans l'épaisseur du bois. »
Jean de la Croix, Cantique spirituel B, 36
Il s’agit maintenant d’entrer dans la contemplation de cette gloire, ici annoncée. Il s’agit maintenant d’engager librement nos pas sur ce chemin paradoxal, même si notre temps personnel et celui de notre histoire contemporaine sont si souvent marqués par les négations et les traversées violentes de la vie…
Cette gloire ne ressemble pas au règne visible des vainqueurs, elle n'a pas l'éclat de la domination mais la douceur infiniment exigeante de la reconnaissance de l'un par l'autre, de la lumière et de la parole reçues d'un Autre, lumière et paroles qui sont l'espace même et la proximité de Dieu pour nous, en cette vie.
Qu’allons-nous contempler, tout au long de ce Carême ?
Contempler le mouvement du Père qui se donne, Lui qui verse son Fils à travers tous les espaces et tous les temps de la création.
Contempler la liberté du Fils, et sa joie pure à consentir à cette donation, sans contrainte, sans brisure de sa liberté souveraine : « Nul ne m’enlève la vie… Je la dépose moi-même » (Jean 10).
« O ! Si l’on pouvait finir par comprendre qu’on ne peut parvenir à l’immensité et à la sagesse des richesses de Dieu qu’en entrant en l’épaisseur de la Croix ! » (Jean de la Croix).
Serait-il possible d’exprimer à notre tour cette donation, en sa profondeur abyssale ? Entrer dans cette destitution de soi, de tout ce que nous pouvons produire à partir de nous-mêmes pour devenir, à notre tour, pur consentement à l’Amour ?
Oui, si nous croyons que tout déjà est donné et accompli, contenu dans le don absolu du Christ, le Fils de l’humain. Comme Jésus lui-même est entré dans l’épaisseur de l’abandon entre les mains de Dieu.
Ce que le Père a donné, il ne le reprend jamais.
Sr Frédérique Oltra, communauté du Caire, Egypte jeudi 19 février 2015
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