© Sieger Koder (1925)
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Jean 13,1-15
Dieu, au Corps à corps
Voici donc « l’Heure extrême » où Jésus s’est déjà destitué de tout. Tout son avoir, tout son pouvoir et son savoir, il les a répandus, Semeur de paroles et de gestes, pour vivifier les esprits et les corps brisés, à la croisée des chemins, dans la cohue des villes et villages.
Alors, dans le silence de la Chambre Haute, dans le cercle grave de l’amitié, Jésus « dépose son vêtement », et ainsi ressaisit tout son être dans un geste qui, une fois encore, « une fois pour toutes », se pose sur les corps, comme la caresse de Dieu sur notre humanité souffrante et déchirée.
L’agenouillement de Dieu en état d’urgence !
Dieu, au Corps à corps avec la violence où s’abîme notre monde, hier, aujourd’hui, toujours…
Jésus bouscule le rituel : il va de l’un à l’autre, face à face singulier qui, des pieds au visage, élève chacun et le restaure.
« Comprenez-vous ce que je vous ai fait » ?
Dans ce geste si banal, auquel nous résistons, c’est son Corps tout entier qui passe de l’un à l’autre, qui se donne dans l’entre nous, son Corps qui s’efface et se fait Nous.
« Faites ceci en mémoire de moi ».
Voici donc le Mémorial de notre propre donation, jusqu’à la brisure du moi, de son isolement hautain et tragique.
Et si nos corps consentent à être ainsi rompus, ne deviendraient-ils pas espace où « se rassemblent », enfin, « les enfants de Dieu dispersés » ?
Sœur Frédérique Oltra, communauté du Caire, Egypte jeudi 2 avril 2015
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