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Jean17,20-26
Racines et Ruptures
Cette grande prière de Jésus à son Père est une supplication pour l’unité des disciples.
Faudrait-il la recevoir comme un programme à mettre en œuvre ?
Si nous l’écoutions plutôt comme le testament de Jésus au seuil de son exode !
Un testament qui nous livre notre identité : les ruptures nécessaires à opérer pour vivre notre condition de disciples ; nos racines à rejoindre au fil des jours, de siècles en siècles…
« Père juste, le monde ne t’a pas connu.»
Rompre avec la mondanité : tel serait le commencement de ce chemin de conversion, ouvert à tout disciple de l’Evangile.
Car l’unité que Jésus appelle d’un grand désir demande, pour prendre corps, une communauté où chacun lâche ses prétentions, sa volonté de surclassement.
Une communauté où tous s’aventurent vers les marges, en cette périphérie qu’est le territoire de l’autre.
Une communauté spacieuse et bigarrée où l’hospitalité se pratique déjà au-dedans, en sorte que ne se développe aucun repli frileux quand l’étanger de passage se présente à nos portes…
« Père juste, moi je t’ai connu.»
Nos racines prennent source et s’ancrent dans cette connaissance filiale de Jésus, totalement tourné vers le visage du Père. Avec lui, nous naissons à nous-mêmes parce que nous naissons au Père, nous que ni chair, ni sang, ni vouloir humain, mais Dieu a engendrés (cf. Jean 1,13).
Ainsi, nous devenons pèlerins de l’unité, sans avoir, sans pouvoir, sinon le trésor précieux de l’Evangile reçu et proclamé dans la diversité des langues humaines.
Ainsi, nous devenons fraternels à la source.
« Père juste, je leur ai fait connnaître ton nom et je le ferai connaître encore… »
Sœur Frédérique Oltra, communauté du Caire, Egypte 21 mai 2015
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