Mathieu : 9, 27-31 : « Notre vie cachée en Dieu »

Un des thèmes de ce récit d'évangile pourrait être le secret. C'est en tout cas, une clef de lecture, qui en ce temps d'Avent et d'enfouissement où nous attendons la lumière , peut nous aider à cheminer dans la nuit la plus longue de l'année.

- Tout d'abord, être aveugle, c'est être plongé dans une obscurité qui cache aux yeux, la création et toutes ses beautés. Heureusement, elle n'empêche pas à nos deux suppliants de reconnaître celui qui passe par là (v.27), sur la terre des hommes.
- Jésus entre dans une maison et les deux aveugles le suivent (v.28). Il ne les guérit pas au vu et au su de tous, mais dans le secret d'un intérieur ... encore caché.
- Les deux références à la foi qui sauve (v.28 et 29) peuvent, elles aussi, faire référence à ce mystère de Dieu tenu caché. Selon la tradition mystique, Dieu se cache pour que l'homme le cherche, le désire et l'expérimente par la foi.
Cette expérience de la révélation du mystère comme illumination, peut nous renvoyer à un autre récit de l'évangile, où deux hommes aveuglés ont suivi Jésus jusque dans une maison : je veux parler d'Emmaüs « Alors leur yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,31).
- Enfin, la consigne de Jésus est celle du silence et du secret messianique (v.30), qui n'empêche pas, d'ailleurs, à nos deux voyants de crier leur guérison sur tous les toits de la terre.

En ce temps d'attente de la Nativité, cheminons vers la joie de la rencontre du Christ, Parole mystérieusement faite chair. « [Seigneur], Vous vous tenez caché, faisant votre séjour en l'âme. [...] Vous la cachez dans le secret de votre Face (qui est le Verbe) loin des intrigues des hommes. » (Jean de la Croix, VF strophe 2, §17).

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 5 decembre 2014