© Georges Rouault,
Au pressoir, le raisin fut foulé, 1922, Aquatinte sur fond d'héliogravure, 50 x 65 cm, Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
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Mt 10, 17-22
“Devenir Parole”
Nous nous serions bien arrêtés devant la crèche avec un regard attendri (malheureusement influencé par certaines images naïves d’une nativité édulcorée).
Il n’en est rien. Choisir le Christ, n’est pas de tout repos : “Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite” (Lc 13,24), “Il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent” (Mt 7,14).
Ainsi, bien des épreuves sont énumérées tout au long de l’évangile, que nous expérimentons aussi dans nos vies. Mises en garde ou exhortations auxquelles nous sommes habitués, et que nous lisons en particulier, dans le texte de ce jour, alors que la liturgie latine fait mémoire du martyre de saint Étienne.
La liste est longue et peut effrayer : se méfier des hommes, être livrés aux tribunaux, être flagellés dans les synagogues (v. 17), être conduits devant les gouverneurs et les rois pour y être jugés (v. 18), être trahi et livré à la mort par son propre frère, son père ou son enfant (v. 21), être détesté (v. 22) ... Pourquoi ? À quoi bon ?
Pourtant, à chaque menace qui plane, Jésus oppose sa force de Salut. La vie est donnée et protégée, et l’œuvre de création se continue et s’oppose aux forces de dé-créations. Dieu ne nous abandonne pas, il est le Dieu de l’Alliance éternelle.
Comme l’ange rassurait Zacharie, Marie et les bergers par un “soyez sans crainte” (Lc 1,13.30 ; 2,10), Jésus invite aussi à la foi en sa Bonne Nouvelle : “ne vous inquiétez pas” (v. 19).
Et nos “pourquoi ?” même s’ils ne trouvent de réponses, trouvent un “comment” : L’Esprit Saint vient à notre secours (v. 20) et assiste de sa toute puissance nos enfantements dans la douleur. Il ne s’agit pas seulement de mourir, mais bien de renaître !
C’est au cœur de nos vies et au cœur de notre cœur que Dieu fait alliance, agit, et continue inlassablement son travail d’engendrement et d’amour.
Et, il y a là un témoignage (v. 18) pour les persécuteurs et les païens d’hier et d’aujourd’hui : celui de devenir soi-même “Parole”, incarnation de la Parole, une Parole qui dit à tout homme: “tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi”.
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 26 decembre 2014
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