© CSJ Mechref, « Jeudi Saint »
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Matthieu 9, 14-15 « Quand l’Époux est absent »
Sur la question réprobatrice de la pratique ou de l’absence de pratique du jeûne, il était presqu’évident que les disciples de Jean et les pharisiens se feraient rabrouer par Jésus, d’abord, parce que l’on ne compare pas … ensuite, parce que l’on ne se vante pas … (Is 58, 1-9) !
Et l’évangéliste de nous répondre, en nous donnant deux indices. Ce récit est encadré, premièrement, par l’appel du publicain Matthieu (où la miséricorde prévaut sur le sacrifice, et où le pécheur est prédilection pour Dieu plus que le juste), et deuxièmement, par une parabole sur la radicale nouveauté de l’Évangile ; tissu, vin et outres sont neufs.
Sous la plume de Matthieu, Jésus prend aussi la peine de leur répondre, par une comparaison eschatologique du banquet nuptial, où le lecteur peut l’identifier en la personne de l’Époux, et ses disciples comme les « fils de la noce », selon la traduction littérale du grec.
Il est ici question, pour l’aujourd’hui des disciples, d’Alliance et de Présence avant tout ritualisme ou tradition.
Mais, Jésus les projette aussi dans un lendemain de deuil où son enlèvement annoncé les fera jeûner. Il est ici question d’absence et d’affliction. Jésus annonce la Croix et sa mort.
Quel sens donner à notre jeûne de ce temps de Carême, après la Résurrection, quand Jésus nous dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
(Mt 28,20) ?
Peut-être, en élargissant notre cœur à tous ceux pour qui l’Époux est absent et qui ne peuvent ni se réjouir, ni partager la joie du Royaume qui vient. Alors, nous pouvons jeûner avec eux et pour eux, communiant aux larmes et angoisses de notre temps, mais tenant fermes dans l’espérance que les jours de la Pâque éternelle viendront où l’Époux leur sera rendu ; alors ils participeront à son festin.
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 20 février 2015
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