© « Armoiries dessinées par Thérèse à la fin de son premier manuscrit, en janvier 1896. »
La Vigne qui sépare en deux le blason est encore la figure de Celui qui daigna nous dire : « Je suis la vigne et vous êtes les branches, je veux que vous me rapportiez beaucoup de fruit. » Les deux rameaux entourant l’un la Ste Face, l’autre le petit Jésus sont l’image de Thérèse qui n’a qu’un désir ici-bas, celui de s’offrir comme une petite grappe de raisin pour rafraîchir Jésus enfant, l’amuser, se laisser presser par Lui au gré de ses caprices et de pouvoir aussi étancher la soif ardente qu’Il ressentit pendant sa Passion. (Ms A, 85 Vº).
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Matthieu 21, 33-43.45-46 « Le Royaume transféré »
Dès le premier verset de la parabole dite « des vignerons homicides », Jésus pose le cadre idyllique d’une sorte d’Eden universel et atemporel. Ce domaine est la propriété d’un mystérieux « humain » (v.33) parti en voyage, mais aussi révélé comme « Seigneur de la vigne » (v.40) à son retour.
De lui, on ne sait presque rien, si ce n’est le soin prévenant et la confiance illimitée qu’il accorde à ses locataires. Il n’a de cesse de créer, construire, donner, dialoguer, négocier (la succession de verbes d’action plantant, protégeant, installant et confiant tout son bien, ainsi que l’envoi par deux fois de serviteurs jusqu’à son fils). Mais à l’inlassable bienveillance et patience de notre anonyme diplomate de la grâce, font face la convoitise, le vol, la violence et les meurtres de ses propres employés.
La condamnation ne vient pas du propriétaire, mais de la bouche même des opposants à Jésus : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » (v.41).
Jésus est plus clément que ses détracteurs, le maître de sa parabole (ayant emprunté quelques traits à son Père du Ciel d’après le déluge) se contente de les destituer et de les remplacer par d’autres : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » (v.43).
Cette parabole nous parle de don, d’un don illimité cherchant le partenariat et la collaboration. Jésus par une autre comparaison (celle de la pierre rejetée devenue pierre d’angle) nous parle de son mystère de fondation et de fécondité pour ceux qui entrent librement dans son Alliance, à l’instar d’une petite Thérèse, être d’offrande qui se donne à son Créateur et Sauveur comme petit grain de raisin pour désaltérer Jésus et sauver les âmes. Elle nous ouvre une autre perspective : le fruit de la Vigne n’est pas tant un fruit à prendre, qu’un fruit à devenir nous-mêmes, pour Dieu, pour les autres. Comme ouvriers de sa moisson, c’est tout notre être et notre cœur que nous devons travailler chaque jour avec et pour le Seigneur.
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 6 mars 2015
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