Marc 12, 28b- 34 « Voici, je viens ! »

La Parole de Jésus et celle du scribe venu l’interroger, viennent rompre deux silences de refus, d’obstination et de résistance à la Bonne Nouvelle du Royaume. Aux versets précédents, Jésus a fait taire les Saducéens (v.18-27) et à la fin de leur rencontre « personne n’osait plus l’interroger » (v.34). Entre deux, un homme est entré dans le Royaume : « Voici, je viens ! »

« Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu s’approche pour l’interroger » (v.28). Marc ne mentionne pas si c’est pour le mettre à l’épreuve. Il semble que cet expert de la parole de Dieu et de la Loi soit le cas unique, au milieu des controverses, à s’approcher de la Vérité : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (v.34). Il fait partie des hommes de bonne volonté à la manière d’un Nicodème venu, de nuit, interroger Jésus. (Jn 3).
Le dialogue qu’il amorce en s’adressant à celui qu’il reconnait comme « maître » (v.32), est intéressant, car il est dialogue de l’interprétation des écritures. Jésus fait un lien entre deux commandements pour en faire un seul (Dt 6,5, Lv 19,18), et le scribe en reformulant la réponse de Jésus, l’ouvre à une loi intérieure (Ps 39,7), ce seul commandement « vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices » (v.33).

Saint Jean, dans sa première épître, explicite cet unique commandement de l’amour, entre le visible et l’invisible, entre l’humain et le divin, entre ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas, entre l’amour des frères et l’Amour de Dieu. « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1Jn 4,20).
Qui le scribe a t-il vu quand il s’est approché de Jésus : un frère ou le le Fils de Dieu ? Jésus en le félicitant l’introduit dans cet Invisible divin du Royaume, mystérieusement à l’œuvre, presqu’à l’insu de son plein gré. Le Royaume s’approche de nous par pure grâce, mais il convoque aussi ceux qui - par leur recherche, comme ce scribe, - s’approchent tout seuls du Royaume.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. » Dans le livre, est écrit pour moi, ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j'aime : ta loi me tient aux entrailles.
(Ps 39,7-9).

Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 13 mars 2015