© C S J Mechref 19 mars 2015,
Baptême de Lucie,
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Jean 10,31-42 «Tu n’es qu’un homme … »
À la porte de sa passion, le mot est jeté par ses accusateurs : le blasphème. L’évangéliste Jean prend la peine de répéter deux fois l’objet du blasphème : « n’être qu’un homme et se faire Dieu » (v.33) et « dire être le Fils de Dieu » (v.36). « Tu blasphèmes ! », les Juifs l’accusent et veulent le lapider.
La définition du blasphème (étymologiquement) est l’injure à la réputation. Or, en quoi la parole de Jésus et ses discours ont outragé l’image de Dieu, ou du judaïsme ?
Il n’y a rien de sacrilège dans ses actes, puisque Jésus les renvoyant à ses œuvres « bonnes » (répétés cinq fois) est irréprochable et entièrement disculpé par ses accusateurs.
Mais, il y a dans l’intime proximité et union de Jésus le Fils à Dieu le Père — « Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » (v.37)—, quelque chose d’inaudible pour ses contemporains, car il touche à la réputation de toute puissance et annihile la distance entre l’humain et le divin sacré. Jésus leur révèle l’humilité et la proximité divine, ce qui les met en colère. Il est inconcevable pour ces hommes (et pour ce temps d’avant la Croix), non pas tant qu’un homme ait la prétention de s’élever au rang de Dieu, mais que Dieu ait la folie de se salir dans notre chair, et la faiblesse de se mettre à hauteur d’hommes et à hauteur d’enfants.
Et pourtant, c’est bien à cela que Jésus appelait et nous appelle aujourd’hui : descendre, nous défaire de tous les privilèges et sentiments de puissance pour nous risquer sur cette toute petite voie inaugurale de la kénose, la descente dans les abîmes de Miséricorde où Dieu nous attend et où nous renaîtrons, comme à notre baptême, fils et filles de Dieu.
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 27 mars 2015
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