
© Édouard Boubat,
Cerisier japonais, 1983.
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Jean 6, 52-59 « La Parole, chair, devenue »
L’évangile de ce jour commence par une querelle de « clôcher » entre Juifs fréquentant la synagogue de Capharnaüm : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (v.52). Scandale ? Folie ?
Mais qu’est-il plus difficile de croire : que le pain et le vin sur l’autel se transformeront en corps et sang de Jésus Christ, ou que celui-ci — qui leur parle — est justement la « Parole, chair, devenue » (Jn 1,14), chair et sang à assimiler et à boire ? L’évangéliste Jean, en mettant au jour cette querelle, démasque aussi notre propre combat (du moins notre difficulté à croire en la présence réelle de Jésus, à l’œuvre dans notre monde).
Difficile de trancher sur l’objet de foi, mais il est certain que pour le Juif d’hier comme pour le Chrétien d’aujourd’hui, Jésus invite, dans un réalisme eucharistique peut-être difficile à comprendre hors du temps de l’Église, à se nourrir et s’abreuver de lui : « ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (v.55). Ainsi, il convoque, ceux qui l’écoutent, au manger et au boire (très concrètement), mais aussi à une démarche d’assimilation et d’intériorité (plus spirituelle) de sa présence en chacun de nous et dans le monde.
Mais, la foi pour s’incarner doit entrer dans une dynamique de désir et d’espérance. Cessons, peut-être de nous interroger et torturer notre esprit cartésien sur le comment ou les conséquences de cette chair et de ce sang livrés, pour questionner notre faim et notre soif de vie, de paix et d’éternité …
Si je désire et j’espère la vie éternelle, si je désire profondément être relevé(e) d’entre les morts et être libéré(e) de toutes les servitudes et les entraves … pourquoi ne pas laisser la Parole de Jésus rejoindre chaque battement de mon cœur, et faire confiance en la promesse de Celui, qui tout au long de sa vie donnée et offerte, a jalonné de merveilles, de signes et de miracles la Bonne Nouvelle du Salut : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (v.54).
Croire en ce don ne sera rien d’autre que la marche heureuse des invités du Royaume, jusqu’à la salle des Noces, et qui, chaque dimanche, est ma participation joyeuse à la procession des communiants jusqu’à l’autel : « Heureux les invités au festin de l’Agneau ! » (Ap 19,9). Alléluia !
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 24 avril 2015
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