© Marie-Claude Bugeaud, La nuit multicolore, Sérigraphie, ©Éditions Méridianes
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Jean 20, 24-29 « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Carte postale d’été … de Mechref au Paradis
Très cher saint Thomas,
je profite de ce temps de vacances et de l’occasion de ta fête pour t’écrire ce petit mot en espérant que tu vas bien. Ta dernière lettre, envoyée par l’Église à la méditation de tous les chrétiens du monde entier, et reçue aujourd’hui m’a beaucoup touchée, c’est pourquoi je te livre en quelques lignes tout ce que ton récit m’a fait méditer …
Tout d’abord, je te trouve un peu injuste et dur envers toi même quand tu sembles suivre ces quelques voix hâtives à te traiter d’incrédule ! Car ta première phrase est celle d’un triste constat d’exclusion et de solitude : tu n’étais ni avec les dix autres, ni avec Jésus au moment de sa manifestation (v.1). Qu’en aurait-il été de la foi de l’Église Universelle posée sur le témoignage des douze apôtres, si elle avait dû se contenter d’un triste « on m’a dit » de ta part, et non pas d’un heureux « j’ai vu » ? Tu aurais fait mentir un Luc qui dans ses Actes, précise bien, à l’élection de Matthias dans sa charte du parfait Apôtre : « des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » (Ac 1, 21-22).
Pour moi, donc, tu es ce convaincant témoin de la résurrection de Jésus. De plus, ni Jean, ni toi ne parlez de toucher réellement le Christ quand il t’invite à la foi pure (v.27). N’en déplaise au Caravage qui t’a pris en flagrant délit tactile, pour ma part, je ne retiens que ton cri jailli d’un cœur amoureux : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v.28).
Ce n’est donc pas la polémique du voir et du croire que je retiens … mais, l’incontournable expérience personnelle (de la présence aimante de Dieu en nos cœurs) que nous avons tous à faire pour devenir de véritables missionnaire du Royaume et à laquelle tu m’invites. À la manière d’une sainte Thérèse de Lisieux « je ne vois pas bien ce que j’aurais de plus après la mort que je n’aie déjà en cette vie » (CJ §7,15 mai 1897) ou d’un saint Jean de la Croix « il n’y a d’autre différence que Dieu soit vu ou qu’il soit cru » (2MC 9), eux qui avaient mis toute leur foi aimante à « voir » Dieu, sur cette terre, par le chemin de la contemplation.
Je t’embrasse et je te charge de les saluer pour moi, là-haut …
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 3 juillet 2015
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