Matthieu 8,5-17

« Le soir venu, on présenta à Jésus beaucoup de possédés. D’une parole, il expulsa les esprits et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit, pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. »

Une personne dont la parole accomplit une autre, qui assure la continuité de la vie et la mène à son achèvement, tel est Jésus. Une personne qui grave le visage de Dieu sur celui de l’homme. C’est cela « prendre nos souffrances et porter nos maladies ».

Comme à chaque lecture d’un texte de la Bible, il est nécessaire d’écarter une interprétation spontanée, qui va dans le sens de nos représentations et de notre conception des choses, pour frayer le chemin à ce qui nous ouvre à la vie : nous comprenons souvent le fait que Jésus « prend nos souffrances et porte nos maladies » comme s’il s’était chargé lui-même de leur poids et avait souffert à notre place. Cela peut être vrai, je n’en sais rien, mais j’aimerais aussi lire cela autrement, et notre texte le permet : Jésus dit une parole et guérit, c’est ainsi que le texte nous décrit son action. S’il est dit que c’est pour accomplir la parole d’Isaïe cela ne nous permet pas d’identifier ces deux actes mais de lire le premier (décrit par Isaïe) à la lumière du second.

L’aujourd’hui du salut éprouvé dans la chair montre rétrospectivement qu’un poids nous a été enlevé, qu’une maladie nous a été arrachée. L’aujourd’hui du salut éprouvé dans la chair nous propose de croire en ceci : celui qui t’a guéri n’a pas supprimé tes souffrances, n’a pas anéantit ta maladie, mais les a vus et les garde en lui, mémoire toujours vivante (au cas où toi, homme, tu oublies) de sa foi en toi, exprimée en une parole…

Sr Ghada , communauté de Paris, samedi 27 juin 2015