>>> Aventure intérieure> Découvrir, méditer, contempler > Simples propos sur la peinture… > un éveil à la beauté 5/7

1- "voir l'invisible " (suite 5)

hiéroglyphes-calligraphies. 

Michel Henry toujours dans son livre " Voir l'invisible " exprime très bien cela en prenant l'exemple de l'écriture: « Nous en faisons l'expérience incontestable lorsque nous nous trouvons par exemple devant un alphabet que nous ne connaissons pas. Il est possible de ne plus tenir aucun compte de la finalité de la lettre (sa signification), de ne plus l'apercevoir comme une lettre mais au contraire comme une simple forme, un certain graphisme.
Un évènement décisif se produit alors. En présence de cette lettre qui vient d'être dessaisie de sa fonction de lettre, le spectateur éprouve un sentiment nouveau, différent de celui qui était le sien devant la lettre ordinaire, Ainsi, le visiteur d'un temple égyptien, lorsqu'il découvre ces grands pans de pierre couverts d'une écriture pour lui indéchiffrable (à savoir les hiéroglyphes) ressent le genre d'émotion dont nous parlons ».

On songe non seulement à ces hiéroglyphes gravés dans le calcaire ou le granit mais aussi à la calligraphie arabe tracée au roseau ou à la calligraphie chinoise empreinte d'encre déposée sur le papier à la pointe du pinceau. L'expérience esthétique est vraiment au-delà de toute signification langagière ou formelle.

La beauté ne se comprend que si l'on ne cherche pas à la l'emprisonner dans une définition, la circonscrire. C'est bien elle d'abord qui nous " prend ", nous " saisit". Se laisser prendre, accepter de se laisser toucher, la condition en est le détachement, la désappropriation, en un mot, la « démaîtrise ».
Comprendre est de l'ordre de la sensibilité, du sentir, de l'émotion et non de l'intellectuel raisonnant.

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