>>> Aventure intérieure > Prier avec un saint du Carmel > De la soif de Jésus à la table de l'amour |
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De la soif de Jésus à la table de l'amour : En 1887, Thérèse s’intéresse à l’affaire Pranzini, demandant pour le criminel la grâce de la conversion. Le texte des Manuscrits nous donne déceler le mouvement de la carmélite en sa profondeur : la grâce de conversion demandée pour Pranzini s’enracine dans la conversion de Noël, vécue par Thérèse, et constitue aussi le commencement d’un fil théologique et spirituel qui trouvera son aboutissement dans l’épreuve de 1896. Le don gratuit reçu dans la nuit de lumière va conduire Thérèse à l’expression d’une oblation d’elle-même, dans les plus épaisses ténèbres, qui correspond au cœur de Dieu. La soif de Jésus Le lieu spirituel dans lequel Thérèse se situe après la grâce de Noël, c’est la soif de Jésus : "Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : « J’ai soif ! » Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive… je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé et je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes…" (Ms A 45). "Depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour, il me semblait entendre Jésus me dire, comme à la Samaritaine : Donne-moi à boire !" (Ms A 46). Dix ans plus tard, Thérèse entre, par l’épreuve, dans l’accomplissement plénier de cette grâce contemplative : Aux jours si joyeux du temps pascal, Jésus m’a fait sentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi, qui par l’abus des grâces, perdent ce précieux trésor, source des seules joies pures et véritables (Ms C 4). Prier pour... prier avec "Prier pour" mais aussi "prier avec", entrer en étroite solidarité humaine, laisser la grâce du pardon de Dieu en Jésus, traverser toutes les zones de refus qui habitent notre cœur d’homme et de femme… Ne pas se dérober à la lutte des ténèbres et de la lumière qui travaille notre propre vie : "Les ténèbres n’ont point compris que ce divin Roi était la lumière du monde… Mais, Seigneur, votre enfant l’a comprise, votre divine lumière, elle vous demande pardon pour ses frères… Ne peut-elle pas dire en son nom, au nom de ses frères : « Ayez pitié de nous, Seigneur, car nous sommes de pauvres pécheurs ! » S’il faut que la table souillée par eux soit purifiée par une âme qui vous aime, je veux bien y manger seule le pain de l’épreuve jusqu’à ce qu’il vous plaise de m’introduire dans votre lumineux royaume." (Ms C 5) L'amour rend semblable Au commencement de son cheminement spirituel, Thérèse découvre un Jésus qui a soif d’amour. C’est la même passion d’amour qui la conduira à consentir à s’affamer de lumière, pour demeurer suspendue dans la nuit de l’épreuve, car l’amour rend semblable (Jean de la Croix). "Céline, il y a si longtemps…, et déjà l’âme du prophète Isaïe se plongeait comme la nôtre dans les BEAUTES CACHEES de Jésus (…). Céline, puisque Jésus a été seul à fouler le vin qu’il nous donne à boire à notre tour, (…) foulons pour Jésus un vin nouveau qui le désaltère, qui lui rende amour pour amour (…). Son visage était comme caché ! Céline, il l’est encore aujourd’hui, car qui est-ce qui comprend les larmes de Jésus ? (…) « Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse car ma face est pleine de rosée et mes cheveux des gouttes de la nuit » (Cantique 5,2) : voilà ce que Jésus nous dit à l’âme quand il est abandonné et oublié." (LT 108) Rendre au Christ amour pour Amour ; être rendue capable, par grâce, de prendre en charge la mission même de Jésus au cœur du monde. "Ma vocation, enfin, je l’ai trouvée, MA VOCATION C’EST L’AMOUR ! Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… Dans le cœur de l’Eglise, je serai l’Amour…" (Ms B 3) Descendre dans l'abîme de l'abandon A partir de Pâques 1896, Thérèse consent à descendre dans l’abîme de l’abandon, à travers l’épreuve des ténèbres qui l’envahissent. Elle fera de ce lieu réel de sa vie un espace de contemplation de l’amour de Jésus pour elle et pour l’humanité, quand il livre sa vie en aimant jusqu’à l’extrême ; elle communiera activement à ce don, à cette folie amoureuse… Et quand la mort interrompt la rédaction du Manuscrit C, sur le commentaire du Cantique des cantiques – « Attirez-moi, nous courrons » – c’est encore dans l’abîme de l’amour qu’elle désire être plongée, pour entraîner dans sa course tous ceux qui se laisseront saisir : "L’oraison embrase d’un feu d’amour, et c’est ainsi que les saints ont soulevé le monde et jusqu’à la fin du monde, les saints à venir le soulèveront aussi." (Ms C 36) "Je ne me repens pas de m’être livrée à l’amour", s’écrie Thérèse, à la veille de sa mort, le 30 Septembre 1897. |
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