« Mère vénérée,… je vous lègue cette vocation qui fut mienne … : « louange de gloire de la Sainte Trinité » (L 337,5). Pour Elisabeth, être louange de gloire c’est se livrer complètement à la volonté d’amour de Dieu, ne mettant aucun obstacle à l’Esprit transformant, par une union au Christ toujours plus grande. La louange est l’expression d’un merci pour ce qui se donne au quotidien et fait ainsi de la vie une continuelle célébration. La louange est le fruit de l’union à Dieu ; elle est elle-même un don de Dieu qui nous rend participant de la louange du Christ. Cette reconnaissance ne passe pas nécessairement par les mots, ni même par la pensée, mais par un abandon toujours plus profonds à l’amour. D’où cette invitation à Mère Germaine à vivre au fond de son âme, car « la fidélité que le Maître vous demande, c’est de vous tenir en société avec l’Amour, c’est de vous écouler, de vous enraciner en cet Amour » (L 337,6). C’est encore une allusion à l’épître aux Ephésiens : « Que le Christ habite en vos cœur par la foi et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour » (Ep 3,17).
Se « tenir en société avec l’Amour » c’est vivre journellement en compagnie de Dieu qui est en lui-même communion. Elisabeth contemple et s’unit à cette dynamique d’amour : Dieu-Père envoie, par amour, son Fils ; Par amour, Celui-ci nous fait don de sa vie sur la croix et dans l’eucharistie ; L’Esprit Saint nous est donné par amour. Elisabeth se veut témoin de la miséricorde de la Trinité, de sa philanthropia, comme dit st Paul dans sa lettre à Tite (3,4) : « Le jour où apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il ne s’est pas occupé des œuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle. »