Résumé de la partie II
La venue de Jésus venu vivre au milieu des hommes, n’est pas, comme on l’a souvent présentée, une incarnation pour réparer ce fameux péché originel, qui encombre encore nos esprits (dont il faut soigneusement se débarrasser).
Il est venu nous révéler. Ce n’est pas une réparation, une correction, mais une révélation (ce qui est beaucoup plus riche, beaucoup plus ouvert !)
Jésus Christ est une intersection. Il n’arrête jamais à lui. Il renvoie toujours à ces trois pôles.
« A », Nous ne le connaissons que sur le témoignage des Apôtres
« D » Il est venu de la part de Dieu, et il se réfère toujours au Père,
« N » et il est venu pour Nous, et pour notre salut.
On retrouve ces trois pôles au niveau de l’Eglise, qui est
Apostolique, c’est-à-dire qu’elle est enracinée dans la foi de la communauté apostolique, et qu’en même temps, elle est chargée de l’apostolat, la mission.
Elle est Catholique, dans la mesure où, si elle est persuadée que Jésus Christ est venu pour nous, il est venu pour tous : donc, universalité, capacité de tout raccrocher au Christ.
Il est venu de la part de Dieu : Lorsqu’il nous quitte, il nous envoie l’Esprit de Dieu, dont je rappelle qu’il est la féminité de Dieu (« Rouah » est féminin). Donc, Pour Nous, de la part de Dieu, selon les Apôtres.
« Selon les apôtres »
Les écrits de Paul sont les plus anciens du Nouveau Testament
Les premières lettres sont les lettres aux Thessaloniciens autour des années 51 – 52.
Puis les grandes épîtres : Romains, Corinthiens…: entre 56 et 58.
A ce moment-là, il n’existait pas encore d’ Évangiles, mail il est question d’ Évangile.
Paul, 1ère lettre aux Corinthiens, chapitre 15, versets 1 et suivants :
« Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés, et par lequel vous serez sauvés si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé. Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures. Il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures. »
L’Evangile de Paul
Christ est mort, et il a été glorifié, il est ressuscité. Ça, c’est l’Évangile de Paul.
Dans la lettre aux Romains, chapitre premier, versets 1 à 4 : « Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu. Cet Évangile, qu’il avait déjà promis par les prophètes dans les Écritures saintes, concerne son fils, issu selon la chair de la lignée de David, établi selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur. »
L’Évangile de Paul, c’est ce message : Christ est mort pour nous, il est ressuscité. En dehors de cela, chez Paul, nous ne trouverons rien sur la vie humaine de Jésus, sauf une petite notation dans la lettre aux Galates, chapitre 4, verset 4 « Dieu a envoyé son fils, né d’une femme ». On sait qu’il est né. Puis Paul va passer « nous prêchons un messie crucifié, j’ai décidé de ne rien savoir parmi nous sinon Jésus Christ, et Jésus Christ est crucifié ».
Chez Paul, la vie humaine de Jésus : rien. Chez Pierre non plus. Chez Jacques non plus. L’Évangile pour les apôtres, c’est le message : Le ressuscité, c’est le crucifié. Christ a été crucifié, il a donné sa vie pour nous. Dieu l’a ressuscité. Voila l’Évangile pour eux, la bonne nouvelle, le message, c’est ça !
L’Evangile de Marc
Il écrit, en gros (les datations sont toujours un peu approximatives), entre 65 et 70. Avant 70 en tout cas, parce que chez Marc vous ne trouvez aucune allusion à la destruction de Jérusalem en 70 par les romains, alors que chez Luc et Matthieu, on le trouvera.
Marc est le premier des Évangiles rédigés. C’est d’ailleurs le plus cour, le plus simple. Marc, lui, va nous dire : « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». et un peu plus loin, chapitre 1 versets 14-15, « Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l’Evangile de Dieu, et disait : « Le temps est accompli, et le règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous et croyez à l’Evangile » »
Marc, évangéliste, suivi après par Matthieu et Luc, annonce Jésus Christ qui proclame l’Evangile, et l’Evangile, c’est : Le règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous.
L’Evangile de Paul, c’est : Jésus est mort pour nous, il est ressuscité.
Voyons-nous la différence qui est grande ? Celui qui, pour Marc et les évangélistes est l’annonceur de l’Evangile, devient chez les apôtres l’annoncé.
Le cœur du message de Paul, c’est : Jésus crucifié, ressuscité.
Pour Marc, c’est Jésus qui proclame l’Evangile, et l’Evangile de Jésus, c’est : Le royaume de Dieu est parmi nous, convertissez-vous de manière à y entrer.
Autrement dit, le porteur du message, Jésus, est devenu, pour les apôtres le contenu du message.
Les apôtres, au terme de toute une réflexion, se sont dit : Ce Jésus, qui annonce le règne, il est lui-même la présence du règne de Dieu parmi nous.
C’est intéressant parce que les écrits des apôtres, surtout de Paul, sont antérieurs aux Évangiles, et c’est déjà Jésus qui est le cœur du message, et c’est par Jésus que nous allons au Père. Tandis que les Évangiles vont reprendre…
Autrement dit, on va se rendre compte, peu à peu, que ce témoignage des apôtres, Jésus est mort et il est ressuscité, des gens vont commencer à dire : il est mort, d’accord, mais il n’est pas mort comme ça, d’un coup. D’où est venu qu’on l’ait crucifié ? Petit à petit, on va essayer de constituer ce vide qu’il y a entre « il est né d’une femme » et « il est mort sur la croix ». Petit à petit, on va reconstituer cette vie humaine de Jésus.
Seulement, le problème, c’est que de cette vie humaine, il y a toute une partie qui nous échappe. Au fond, les 30 premières années de la vie de Jésus, rien – nous verrons une exception – rien. Alors , petit à petit, on va reconstituer les actes et les paroles de jésus, et on va rédiger des Évangiles. Il a été crucifié : « scandale pour les juifs, folie pour les païens » dira Paul, mais finalement, pourquoi a-t-il été crucifié. Et c’est là qu’on va se dire : finalement c’est toute sa vie qui explique sa crucifixion.
Reste l’interrogation sur les tout débuts : et là, deux évangiles, celui de Matthieu et celui de Luc, vont avoir ce que l’on appelle l’Evangile de l’enfance. Le problème, c’est qu’ils ne sont pas d’accord… En fait, ce n’est pas un problème, car ce ne sont pas des récits historiques. Il ne faut surtout pas les prendre au pied de la lettre. Ce sont des récits qui ont un objectif. Matthieu et Luc sont des Évangiles écrits, en gros, entre 80 et 90. Donc, après Marc.
SUITE : Matthieu et Luc ont une perspective différente
Un commentaire
A propos de la résurrection évoquée dans ce titre, il ne faut pas se tromper : l’enseignement transmis évoque clairement une conversion. C’est celle de l’esprit qui passe d’un état de doute ( nourri par ce sentiment diffus du péché originel ou autre ) à celui de la certitude.
En d’autres termes, l’état initial de la condition humaine ( de sa conscience, de sa pensée, de son esprit) est un tiraillement permanent entre deux pôles , cette division est dénoncée comme funeste. Mais la mise en œuvre et le suivi de l’exemple produit il y a maintenant plus de deux millénaires permet de s’affranchir de cette limite intérieure. D’où le constat de ‘mourir’ à soi même pour naître à la vie. C’est le conseil donné à Nicodème. On peut dès lors parler de résurrection effectivement.
Il est, dès lors, fallacieux d’évoquer un esprit saint puisqu’il s’agit seulement d’un esprit en bonne santé capable de discerner entre le faux et le vrai.
je vous souhaite une bonne journée