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Photo : Monastères du Wadi Natrun, Egypte. |
Vivre le Carême avec la Samaritaine, Par Sr Frédérique Oltra
"Et la Samaritaine oublia son eau et sa cruche Ensemble, traverser les "Samaries" de nos vies Il fallait que Jésus traverse la Samarie pour libérer cette femme des traversées douloureuses, pénibles, stériles de sa propre vie ! A partir de la figure de la Samaritaine et avec Jean de la Croix, je m’attacherai à souligner un point d’importance capitale et qu’il nous livre dans son expérience de maître spirituel : celui de l’accompagnement et de la relecture. Comment cette femme est-elle conduite d’une soif incertaine et jamais rassasiée au désir de l’eau vive ? Tout d’abord parce qu’elle accepte d’entrer en dialogue avec Jésus : un dialogue qui n’est pas construit d’avance mais qui progresse à travers des questions étonnantes, déroutantes et des réponses qu’elle ne comprend pas tout de suite. Une lecture plus serrée du récit de la Samaritaine nous donnerait de préciser la pédagogie de Jésus, au cours de ce dialogue : je me contenterai, ici, de vous proposer trois pistes qui me semblent bien accordées à la voie du Carmel. Cheminer en pauvre, dans le peu et le rien Sur la margelle du puits de Jacob, fatigué par la route, à l’heure la plus chaude du jour, est assis Jésus, Sagesse et force de Dieu, lui qui est, par excellence, le pauvre de cœur... Telle est la disposition paradoxale à laquelle nous sommes appelées dans notre écoute et notre parole d’accompagnement ! Je veux souligner ici une posture de "pauvreté" radicale qui est requise de nous au nom de l’Evangile dont nous voulons vivre et que nous voulons annoncer : la femme de Samarie rencontre en Jésus, un témoin de Dieu dépossédé et vulnérable ; c’est à partir de ce lieu de son humanité désirante qu’il peut lui laisser percevoir la source d’eau vive qui jaillit en lui, mais qui lui vient d’un Autre, le Père qu’il invite à adorer en Esprit et dans la Vérité. Il ne suffit pas que nous cheminions, pauvres, dans le peu et le rien, pour notre compte personnel : cette condition filiale, en totale dépendance et attente du Père en qui tout s’origine et s’accomplit, doit être entendue de ceux qui viennent à nous alors même que nous écoutons et parlons dans l’assurance de la foi. Oserons-nous devenir ces témoins d’une rencontre qui nous a blessé le cœur, dont nous ne sommes pas encore remis, qui irradie, informe, oriente le tout de notre vie ? Dans la discrétion et l’oubli de nous-mêmes, oserons-nous délivrer avec une étonnante liberté notre expérience spirituelle. Ainsi faisait Jean de la Croix, dans sa tâche de maître et guide : exigeant, il la mène avec une profonde maturité de jugement et une sainteté paisible, sans excès. Il marche au pas de chacun, il sait aussi conduire plus loin, encourager... Dans l’ensemble de l'œuvre de Jean de la Croix, je retiendrai deux passages qui sont pour moi des phares, quand ce service m’est demandé : le Prologue des Dits de Lumière et d’Amour et la Lettre 22°, adressée à une laïque.
"Vous savez, ma fille, comme il est bon que les biens Merveilleuse alliance d’une exigeante doctrine et d’une vraie tendresse, nous dit le Père Lucien-Marie de saint Joseph, dans son édition des œuvres complètes. Pour ma part, je ne vois pas de meilleure illustration de cette posture d’écoute et de parole vécue "en cette nudité" dans laquelle "l’esprit trouve sa quiétude et son repos ; parce que ne convoitant rien, rien ne le fatigue vers le haut et rien ne l’opprime vers le bas, parce qu’il est dans le centre de son humilité" (1 Montée du Carmel, 13) : posture dont Jean de la Croix donne les clés dans le Prologue des Dits de lumière et d’amour, en termes de discernement :
"Ô Dieu et ma joie, |
Cheminer avec : Ecouter la Parole : Voir aussi : |
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