» DESOLE… JE NE PEUX RIEN POUR TOI ! « 

Un homme s’approche. Sûr de lui il répond « juste » à toutes les questions que Jésus lui pose sur les commandements de la Loi à respecter !  « Désolé, répond Jésus, je ne peux rien pour toi… » Les disciples sont choqués : l’homme n’a pas tué, n’a pas volé, il ne ment pas, ne fait de tort à personne… Jésus l’admire mais maintient qu’il ne peut plus rien pour lui… Parce qu’il a devant lui un brave garçon  « prisonnier » de la Loi, des interdits. Alors il veut l’entrainer un peu plus loin !  » Que fais-tu de neuf ? Tu ne fais pas ce qui est mal, mais que fais-tu de bien ? Je te propose un peu d’audace pour mettre quelque chose de plus dans ta vie. Pour que tu en sois fier… ». Ce que Jésus appelle le chemin, la porte du Royaume…

En tout être humain il y a comme 2 « vouloirs », 2 tendances !  L’un cherche tant bien que mal à ne pas gâcher sa vie par des positions, des gestes, des choix qui empoisonneraient  la vie. L’autre comprend qu’il n’y a de vie épanouie que si on la remplit de gestes, d’attitudes qui  font grandir et fabriquent du bonheur tout simple, de l’espoir… A manquer d’audace on passe sa vie à être sur la défensive en permanence !!! Eviter seulement de faire du mal c’est bien !!!! mais ça ne crée aucune relation avec les autres. On ne fait que construire autour de soi une « ceinture de sécurité », un mur de protection… Les gens qu’on appelle les « Croyants », savent bien que c’est la façon d’être, d’agir, d’inventer, de créer, de « se mouiller » comme on dit, qui rend compte du sérieux et de la vérité de ce que nous appelons « La FOI » !  Quand, au soir du Jeudi avant sa mort Jésus s’arrête devant chaque disciples pour faire le geste du serviteur lavant le pieds des invités, il ajoute : « Faites ceci en mémoire de Moi » !  Il ne demande pas de « recommencer son geste » mais d’inventer jour après jour des gestes de « serviteurs ». Les gestes, les paroles, les attitudes qui seront porteurs de VIE, d’Espoir, de Souci de l’autre quel qu’il soit.  Des attitudes qui montrent que l’on est « présent » là où il faut accepter de laisser sa tranquillité pour se « pencher » comme le Serviteur du Jeudi Saint, sur les besoins de celles et ceux qui  n’ont plus grand chose à espérer,  à attendre, pour sortir enfin de leurs soucis, leurs solitudes, leurs peurs, leurs blessures.

Croire, pour les Chrétiens c’est oser aller jusque là… La Foi des audacieux ne peut se contenter de « ne pas faire le mal », elle conduit à se serrer les coudes pour que quelque chose se passe dans ce Monde un peu fou, quelque chose qui montre que ce n’est pas un Monde « condamné »! Si nous les Chrétiens ne relevons pas ce défi, à quoi ça sert de Croire??? Le champ des « possibles » est vaste: oser être proches, attentifs, présents, capables d’aller à la rencontre, de prendre à cœur les situations de détresse et de solitude, dans une Société qui ne cesse de fabriquer des « laissés pour compte », pauvres de tendresse, d’amitié, de respect, d’écoute, d’estime… D’Amour en somme !

A quoi servent des talents, des qualités, des « pouvoirs » s’ils ne sont là que pour nous protéger du mal !!! Ils pourraient servir à combattre cette lèpre moderne qui s’appelle « désenchantement », à-quoi-bon », et conduit à la fausse sécurité du repli sur soi ! L’art d’être Croyant, c’est d’être « crédible » !  Je n’aime pas l’autre pour faire plaisir à Dieu, mais parce que l’autre en a besoin… !

Texte : Jean Bosset