Réponse à la question : « Sur le coté humanité du Christ, Dieu fait homme : Est-ce que cette connaissance de lui-même étant le fils de Dieu est arrivée graduellement ou il était incarné comme ça ? »
Au jardin des Oliviers Jésus demande : « si cette coupe peut passer loin de moi… » Sur la croix : « pourquoi m’as-tu abandonné ? »
C’est presque choquant comme termes Il faut bien se dire que Jésus n’a pas joué le masque de l’humanité : il est pleinement humain. Il vit une relation intime avec le père, il se retire pour prier, etc. mais il découvre peu à peu sa mission. On nous dit que finalement la vie de Jésus c’est 31, 32 ans, au mieux 33 ans… on a des nouvelles sur un an et demi. Tout le reste du temps, il a dû travailler le bois, se taper sur les doigts … vivre exactement comme nous. Il existe un petit livre fort intéressant de Raymond Aron : Les années obscures de Jésus. Le philosophe Aron, reprenant historiquement la manière dont les enfants étaient éduqués à ce moment là en Israël nous dit ce que Jésus a dû vivre pendant les années qu’il a passées dans l’obscurité de Nazareth. C’est peu à peu qu’il découvre sa mission : Par exemple, Jésus est persuadé qu’il est venu pour permettre à Israël de retrouver le vrai sens de sa mission. Le drame d’Israël, c’est qu’il a transformé la mission en privilège. Quand Dieu donne l’Alliance, il dit je vous établis comme un signe levé pour les nations. Vous êtes chargés de signifier quelque chose pour que toutes les nations marchent à cette lumière. On va refuser que d’autres entrent dans ce privilège d’être le peuple de Dieu et on va transformer la mission en privilège. Et ça va être le drame. Le drame de Jésus, c’est qu’il va essayer d’ouvrir ça et qu’Israël le refusera. Mais attention : Jésus est persuadé d’être là pour redonner à Israël sa conscience d’être le peuple de l’Alliance, et il est converti par les païens. Lorsque la syro phénicienne lui demande de venir guérir sa fille malade, « le pain est pour Israël »… mais « les chiens mangent les miettes » .. Jésus dit Je n’ai jamais rencontré une telle foi en Israël. Quand le centurion lui dit Ce n’est pas la peine que tu te déranges, j’ai des gens sous mes ordres, quand je dis à un fais cela, il vient… Jésus dit : Je n’ai jamais rencontré une telle foi en Israël. Il est converti. Dans son humanité, il découvre peu à peu l’amplitude de sa mission. Et la croix, c’est quand même un échec, et il le vit douloureusement : si c’est possible… Il sent bien qu’il y a un durcissement contre lui, qu’il est rejeté, que ça va mal s’achever, mais il résiste.
Le Talmud nous dit qu’il a été condamné à mort par le Sanhédrin, et que… il y a un vide dans le texte, et qu’il a été crucifié par les romains. On nous dit parfois que le Sanhédrin n’avait pas le droit de condamner à mort : C’est faux. C’est avec Gamaliel dont parle le livre des Actes, que Gamaliel a réussi à faire supprimer le droit de mort pour le Sanhédrin. Donc, c’est après… Si vous lisez l’Evangile de Jean, à deux reprises, il est dit qu’on veut le lapider et qu’il s’enfuit, il échappe à la lapidation. Et finalement, on le remettra aux romains pour qu’il soit véritablement crucifié. Dans son humanité, Jésus chemine, comme nous, mais toujours avec cette conscience qu’il faut se référer au Père, et donc toute cette dimension de prière, de vie spirituelle Même quand on dira que Jésus Christ est Dieu, il faut garder le fait que le Père et Jésus sont différents. Ce sont deux personnes, même s’il y a une profonde unité entre eux deux. Sinon, on noie tout !