Témoignage complet :
La situation même de la communauté de St Martin nous appelle à accueillir cordialement, largement en tout premier lieu les sœurs de la congrégation : chapitres, sessions, séjour en ermitage, sœurs de passage, jeunes en recherche…
Bien évidemment il y a aussi l’accueil d’autres groupes : haltes spirituelles, secours catholique, CCFD. Par ailleurs il y a eu une famille Albanaise hébergée l’année passée. Petit à petit les personnes avec qui nous entrons un peu plus en relation viennent volontiers partager un repas avec nous. C’est ainsi par exemple que les employés municipaux ont été visiblement ravis de pénétrer dans un lieu qu’ils ne connaissaient que de l’extérieur et d’y vivre un heureux moment d’amitié avec nous. Le jour de Noël nous faisons table ouverte à ceux et celles qui seraient seuls ce jour-là.
Il y a aussi le tout venant, l’inconnu qui peut susciter une légère crainte. C’est ce qui s’est passé pour nous à quelques jours de Noël. Nous avons vécu cet événement comme un sourire du ciel.
Topo Anne-Marie Clerc (à venir !)
Essayant d’approfondir ce mystère de l’Hospitalité révélé à Abraham nous mesurons que cela ne va pas sans difficultés :
Difficultés administratives entre autres, en ce qui concerne les migrants, où nous avons vécu l’angoisse de mettre dehors ceux que nous avions abrités avec tant de joie. Nous avons investi beaucoup de temps en réunions, et démarches avec la préfecture. Nécessité impérieuse aussi de ne pas entretenir des jeunes de vingt ans dans une dépendance trop passive même si leur présence était bonne et s’ils nous rendaient quelques bons services. En positif nous n’étions pas seuls. Cela nous a fait travailler en relation étroite avec le collectif Parking Monnier qui était un bon soutien pour nous. Nous avons découvert des gens généreux et engagés.
Dans l’accueil il y a aussi nos propres limites physiques, entre autres, nos vues différentes, nos talents et nos incapacités et plus profondément un combat, un affrontement en nous-mêmes entre la chair et l’esprit comme le dit l’apôtre Paul.
Il peut nous arriver de freiner parfois des quatre pattes devant la tâche à accomplir mais nous expérimentons presque toujours que, comme le dit le psaume, « passant par l’eau et le feu nous en sortons débordantes de richesses » et remplies de joie.
Plus profondément encore nous découvrons que l’hospitalité nous habite. Elle a sa source en notre cœur. Elle est au cœur de l’Evangile. Nous sommes habitées par un Hôte qui, sur la croix a les bras grand ouverts. Il nous reçoit telles que nous sommes, il nous donne sa confiance. Et nous expérimentons quotidiennement qu’il peut se heurter à nos limites, à nos hostilités, à nos doutes, à nos refus et recevoir heureusement aussi tous nos « oui ».
Ainsi l’hospitalité c’est peut-être surtout de revenir sans cesse vers l’Hôte divin dans le plus ordinaire du quotidien : le voir dans un service à rendre ou à recevoir, écouter de tout son cœur des paroles parfois un peu lassantes parce que celui ou celle qui parle, est très intéressant, très intéressante, parce que c’est un frère, c’est une sœur que Dieu appelle par son nom, qui est unique à ses yeux.
L’hospitalité, en Dieu, est sans limites, sans conditions, universelle, continuelle.
Elle appelle un profond silence de nous-mêmes pour l’accueillir pleinement.
Un oubli de nous à l’écoute de l’ (A) autre est, nous semble-t-il, la vraie hospitalité du cœur que nous voudrions nous offrir les unes aux autres comme à chacun de tous nos frères et sœurs que nous invitons ou qui nous reçoivent. Nous ne pouvons être que toujours en chemin… au début du chemin, pas à pas…
Sr Claire, de la communauté de Saint Martin
Un commentaire
Bjr
Y a-t-il ce même type d’accueil à votre Monastere de Beyrouth ?
J’aimerai y rester quelque temps dans le silence et la création d’icônes
Merci de votre réponse bien cordialement