Coup de cœur pour « Jack et la Mécanique du cœur »
Film d’animation français en images de synthèse, réalisé par Stéphane Berla et Mathias Malzieu, février 2014.
César du meilleur film d’animation. Prix du cinéma européen du meilleur film d’animation.
« Jamais je n’ai autant ri que pendant cette fabuleuse chevauchée »
C’est Clara, une élève du Carmel de Mechref, en classe de CP (petite brunette « au cœur de cactus » et avec, sans doute, quelques accointances avec Miss Acacia, l’héroïne de « Jack et la Mécanique du cœur »), qui m’a donné envie d’écrire un coup de cœur pour ce film d’animation français, lorsqu’elle s’est écriée « j’ai vu le DVD au moins 36 fois, c’est le film que j’ai préféré de toute ma vie ! ».
Grâce à toi Clara, je vais essayer de donner à d’autres l’envie de voir ou d’offrir ce film et de comprendre objectivement l’engouement pour cette « fabuleuse chevauchée ».
Tout d’abord, l’histoire de Jack est beaucoup plus qu’un film, c’est tout un univers, tout l’univers onirique et poétique de Mathias Malzieu, écrivain, musicien et compositeur (né à Montpellier en 1974). L’histoire de Jack, son double virtuel malheureux en amour, est d’abord un roman « La Mécanique du cœur » (Flammarion 2007), un album jeunesse illustré (Flammarion 2014), ainsi qu’un album de rock (du groupe Dionysos dont Mathias Malzieu est le chanteur).
La réussite de ce film, comédie musicale, tient, à mon avis, à la cohérence alchimique des différents langages (écriture, image et musique), et à la symbolique amoureuse (le cœur) de la quête initiatique. La qualité du film vient aussi de l’excellence de son interprétation par des grands noms du cinéma et de la chanson française : Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Mathias Malzieu, Rossy de Palma, Arthur H, Jean Rochefort, Cali et Alain Bashung, pour ne citer que les plus célèbres.
On y suit, en chantant, la vie de Jack, un petit garçon né avec un cœur gelé et abandonné par sa mère à Madeleine l’accoucheuse un peu sorcière qui lui a bricolé un nouveau cœur mécanique (qui ne l’empêche pas d’éprouver des sentiments comme sa peur de Jack l’éventreur, son amour coup de foudre pour Miss Acacia, ou sa colère contre Jo).
À cause de son désir de retrouver la petite fille chanteuse rencontrée le jour de ses dix ans, Jack devra vaincre sa peur et sa jalousie, et braver les trois interdits contingents à son cœur horloge handicapant : « ne pas jouer avec ses aiguilles, ne pas se mettre en colère, et surtout ne jamais tomber amoureux ». Sa quête sera encouragée et guidée par un créateur de choix Georges Méliès (précurseur des trucages cinématographiques) en personne. Jack quittera la froidure écossaise et sa première maison loufoque et marginale, repaire des paumés aux cœurs brisés pour la chaleur de l’Andalousie et l’Extraordinarium, cirque peuplé d’étranges créatures. Les personnages de Mathias Malzieu ont emprunté au Petit Prince, à Colin et Chloé (de L’écume des jours) et à Hugo Cabret, leurs rêves et ce goût de l’enfance recouvrée.
C’est donc à un beau voyage — aux nombreuses épreuves et passages à effectuer — que nous convie cette étonnante farandole de personnages bigarrés, graciles poupées de porcelaine au lumineux regard, se frayant un chemin de vie et de liberté dans un monde souvent hostile, mais débordant de tendresse, de rêves et d’amitié.
Sr Nathalie Le Gac, CSJ Mechref (Liban), le 11 août 2015
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