Vendredi 14 juillet
Un cœur réconcilié, unifié, pacifié
3è regard : la Trinité : mystère de pauvreté.
Les trois personnes se parlent en silence à travers leurs corps, leur attitude, leur regard : tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi.
Elle s’ouvre à nous et à toute l’Humanité.
Une humanité invitée à se laisser prendre par le mouvement de la Trinité. Chercher celui qui est perdu, qui est dans les ténèbres… ramener toute l’humanité en Jésus vers le Père. C’est un mouvement de descente et de remontée. Tout est pris par ce mouvement.
« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17, 21-23).
Jésus prie et nous fait témoin de sa prière. Une invitation à faire silence d’abord et surtout, à nous mettre intérieurement à genoux à côté de Jésus et écouter la prière du Fils aux disciples.
La prière s’élargit à ceux qui grâce à leurs paroles, ils croient en Lui.
L’essentiel est de laisser résonner et faire descendre les mots de la prière dans notre cœur : une prière qu’il adresse au Père qui seul peut l’exaucer.
Le Père dépend de Jésus comme Jésus dépend de nous, de notre réponse.
Le cœur de sa prière : c’est l’unité.
De quelle unité s’agit-il ?
Jésus continue : qu’ils soient un comme nous sommes UN… de cet amour pauvre. Cette prière nous invite à contempler la communion entre les personnes : une unité humble, pauvre et ouverte, non repliée sur elle-même. Elle est en continuel élan vers l’autre, tout autre. L’unité en Dieu est communion d’amour. Une unité dans la diversité ; une unité plurielle qui est un mystère de pauvreté. Chacune des trois personnes s’effacent devant les autres, se reçoivent des deux autres et se donnent. Une unité ouverte aux autres qui ne s’impose pas ; s’offre et attire car elle rayonne un amour désarmé qui se donne sans mesures.
Cette prière là nous précède toujours et nous porte dans le quotidien de notre vie, les traversées difficiles, les épreuves, elle nous accompagne jour après jour souvent à notre insu, éclaire notre chemin.
Qu’Ils soient UN a deux sens :
La plupart de temps, cette prière, nous l’entendons comme unité entre nous, entre confessions, entre cultures… mais on peut l’entendre aussi, aujourd’hui, qu’il soit chacun UN en eux-mêmes : l’unité en nous ! il s’agit de prendre les deux interprétations ensemble : réaliser l’unité en nous et entre nous : si on ne vit pas la réconciliation en nous, on ne peut pas vivre l’unité entre nous.
L’unité vient de l’intérieur, du cœur où se loge la racine de toutes les divisions. La paix mondiale commence en nous ! (Frère Roger). Un chemin d’unification de notre être, de notre terre intérieure. Nous sommes toutes faites de lumière et d’ombres ; nous sommes des êtres divisés, le cœur partagé, endurci, tiède ou brûlant, ouvert et écoutant. L’unité vient de là, du lieu profond : le sanctuaire du cœur : c’est là où grandit la vie intérieure : c’est là où tout l’être s’unifie.
Commencez, en vous l’œuvre de la paix (saint Ambroise). « Acquiers la paix intérieure et des âmes, par milliers, trouveront auprès de toi le Salut » (Saint Seraphim de Sarov).
L’unité en nous et entre nous : chemin de communion.
C’est dans les relations que joue l’unité. D’abord, dans la vie communautaire, dans la qualité de nos relations. C’est là où la prière d’unité trouve son authenticité.
C’est l’unité par le Christ, avec Lui et en Lui, jusqu’à ce que Dieu soit le tout en tous.
L’unité des chrétiens : pour témoigner ensemble d’une fraternité universelle. Rendre visible cette humanité Une : avenir de la paix en marche.
Le vivre-ensemble dans la paix n’a aujourd’hui rien d’évident. C’est un grand défi dans nos sociétés devenues multiculturelles. Sur tous les continents, il y a des conflits. Parfois les différences attirent des tensions et on élève des murs. Mais, nous avons besoin les uns des autres pour répondre à des défis toujours plus grands. Pour répondre à la soif existentielle qu’habite le cœur d’un homme, il s’agit d’un appel à vivre cette unité.
On vit au niveau de « l’inter ». Nous vivons une prise de conscience de notre interdépendance.
Inter : dit à la fois un espace, un entre-deux, un vide et un lien entre deux réalités différentes. Cet entre-deux est le lieu du souffle humain ; c’est le lieu du Souffle, de l’Esprit Saint qui veut nous parler.
Vivre-ensemble en paix notre vie commune : c’est un don de Dieu dans l’Eglise et pour le monde. RV 5 le souligne. C’est le Christ qui nous a appelées, chacune et nous a données l’une à l’autre pour une mission. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16). C’est son initiative, son œuvre. Avant tout apostolat particulier, la mission confiée à nos communautés est la prière, signe visible de l’amour de Dieu pour l’humanité et le monde qu’il a créé, un humble reflet, pauvre de la communion au sein de la Trinité.
C’est un don et il est donné, à nous de l’accueillir. C’est un appel, une vocation, une responsabilité, c’est à nous de vivre cette parabole de communion. Etre ensemble signe de communion fraternelle. Apprendre à nous accueillir les unes des autres comme don de Dieu dans la richesse de nos diversités. Dieu ne peut être une uniformité. Chacune de nous est un être unique, propre, nécessaire à tout le Corps. L’unité suppose l’accueil de nos différences.
Pourquoi les humains sont différents ? car ils sont tous à l’image de Dieu.
Chacune reçoit le don de manifestation de l’Esprit au service du Bien.
Les différences peuvent être source de méfiance, de tension, de violence, de préjugés, de murs pour se protéger, de barrières invisibles… qu’en est-il dans nos communautés ? comment vivons-nous nos différences ?
C’est normal qu’il y ait des tensions.
Le problème commence quand nous laissons les différences devenir des divisions. On va vers la sœur qui nous comprend plutôt que vers celle qui ne nous comprend pas.
Prendre le temps pour nous écouter patiemment : reconnaitre dans les paroles, le silence… ce que l’Esprit veut nous dire. C’est une question de discernement. La diversité suppose un long chemin pour accueillir les différences, les incompréhensions, les blessures…
Que deviendrons-nous sans le pardon ? Accueillir la grâce du pardon comme un don : «L’unité en nous et entre nous : chemin de communion.(Lc 23, 34).
Le pardon est premier, il nous attend, il nous est offert gratuitement tout au long de notre vie pour l’offrir à tous ceux et celles qui nous ont blessées. Il est offert gratuitement.
Le don du Christ sur la croix au Père est offert pour toujours et s’étend en bénédictions sur tous les peuples sur la terre : amour inconditionnel du Père.
C’est le miracle de Dieu dans notre vie. Seul le pardon, la force de l’amour, restaure les relations, ouvre un nouveau commencement (si tu perdais la miséricorde, tu aurais tout perdu).
Vivre le pardon mutuel est un continuel commencement, jusqu’à 77 fois 7 fois, c’est-à-dire toujours. Mais nous sentons que nous sommes démunies devant cet appel. Nous blessons sans le savoir par une parole, un geste… que deviendrons-nous sans le pardon de l’autre ?
Les blessures sont parfois très profondes ; elles peuvent susciter des résistances et demandent un long chemin. C’est normal.
Parfois, se pardonner à soi-même n’est pas plus évident, le silence complice, les paroles dures, les gestes… la tentation est de se juger soi-même et aussi l’autre. Ne jugez pas et vous ne serez pas juger.
Comment va ton regard ? (Au lieu de dire comment vas-tu ?).
Est-ce que j’accueille dans un devenir ? Dieu voit beaucoup plus loin, plus profond. Il connait le désir déposé dans le cœur de la personne. Il nous invite à ne pas garder le mal que nous avons subi et commis. Ce n’est pas simple.
Pour apprendre à aimer comme Jésus nous a aimés, l’important est de recommencer, de ne pas s’arrêter sur les échecs, tout déposer dans le cœur de Dieu.
Tout vient de Dieu qui nous a réconciliés dans le Christ…
Jésus est allé jusqu’à l’extrême de l’amour pour rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés.
Sur la Croix s’est arrêtée la spirale de la violence.
A la violence, il a répondu par le pardon.
« Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » (Jn 20, 19-23).
Comme si le don de l’Esprit se concentrait dans le don du pardon et de la réconciliation.
La réconciliation est un don. Dieu ne nous remplace pas. Tout est fait.
C’est une synergie qui nous engage à collaborer avec l’Esprit pour enfanter la réconciliation en nous et entre nous. Les cieux nouveaux et la terre nouvelle se préparent en nous.
Nous sommes des êtres de relation mais les blessures entravent l’élan que nous avons. Il faut tout un chemin de réconciliation avec mon histoire personnelle.
La vie commune est une grâce, met en lumière nos talents et nos blessures et nos fragilités.
Nous blessons les unes les autres, c’est parfois dur car ça touche des lieux là où nous étions blessées.
Nous sentons notre impuissance devant nos réactions, nos paroles dures, et celles des autres. C’est un long chemin pour être désarmées et s’ouvrir à la bonté de Dieu et ouvrir nos cœurs au pardon. Dieu a déposé ses dons dans des vases d’argile.
C’est en communauté qu’on apprend à vivre comme des êtres réconciliés ; à traverser les conflits dans l’amour et la vérité, dans la force de l’Evangile ; porter la mission comme un service et non comme un pouvoir, un chemin d’humanisation.
Nous portons en nous-mêmes plus que nous : Une mémoire blessée de notre histoire collective… nos communautés ne sont-elles pas appelées à être un lieu où la Pâque se vit, à être des ferments d’unité et de réconciliation.
Rien ne remplacera le pardon vécu au quotidien.
Il semble important de célébrer le pardon comme la grâce la plus essentielle et comme fondement de notre vie ensemble, d’avoir un rite liturgique que nous pouvons inventer.
Dieu nous demande une remise de nous-mêmes ; laisser le courant de la miséricorde circuler entre nous. C’est la source de la joie qui peut monter en nous.
Que tous soient UN : c’est à nous de prier et mettre nos pas dans ceux de Jésus.
« Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux » (Jn 17, 26).
Sa prière nous accompagnera toujours pour nous apprendre à aimer comme Jésus a aimé.
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5, 9)
Que ton souffle de bonté nous conduise vers une terre unie.
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