Nœud autour duquel se construit parfois l’intrigue d’une enquête à mener, comme dans l’une des nouvelles de Arthur Conan Doyle[1], tu connais aussi bien nos joies que nos horreurs, tu les connais de l’intérieur, tu les côtoies, parfois même plus longtemps que nous, bien plus longtemps que nous !
Nous te confions souvent ce que nous n’osons confier à personne d’autre. Tu es fidèle, tu le gardes, tel que tu l’avais reçu, jusqu’au jour où nous reviendrions vers toi pour redécouvrir ce qu’autrefois nous t’avions confié, le redécouvrir autrement. Notre retour à ce que tu avais gardé, parfois pendant des années, sans craindre ni le temps ni la poussière, signe souvent ta fin, te vide de tout contenu et révèle notre monstrueuse ingratitude envers toi.
Tu ne revendiques pour toi-même aucun mérite ni aucune gloire, et si tu te fais beau parfois c’est pour attirer notre attention sur ce qu’éventuellement tu pourrais contenir. Tu te réjouis avec nous et tu t’attristes de notre déception à chaque fois que l’on écarte tes bras pour entrevoir ce que tu y abrites.
Témoin de ce qui nous lie à beaucoup d’autres objets que toi – de ce qui nous lie à cette bague dont la lumière te réchauffe ; à cette odeur de café qui se dégage de toi ; à ces boucles d’oreilles qui te soûlent en fredonnant la seule chanson qu’elles connaissent, celle de leur créateur ; à ce collier dont la majesté te joue des morceaux de musique qui te marqueront à jamais, etc. – témoin de tout cela, tu sais que la durée de ta vie avec nous est à la merci de la durée de ces liens, et tu l’acceptes. Toutefois, en de rares occasions, tu t’en réjouis ; ta déchirure laisse blottir en toi notre esprit d’enfants de la vie et un regard plein d’espérance vers un avenir que nous voudrions surprenant, comme maintes boîtes en carton.
[1] La Boîte en carton (The Adventure of the Cardboard Box).
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