On te compare à Méduse dont le regard pétrifie celui qui se tourne vers elle. C’est peut-être un peu vrai, lorsque celui qui voudrait te prendre tente de te maîtriser, de t’imposer sa représentation du réel comme cadre, comme mouvement et comme couleurs. Mais celui qui t’écoute, celui qui t’obéit, rejoint au contraire un instant de vie qui ne peut que se renouveler et ouvrir un avenir.
Tu n’es pas, comme on peut le croire, la reproduction d’une image du passé. Tu es plutôt reconnaissance, annonce et appel. Pour celui qui un jour posera son regard sur toi, si tu as été prise par un temps de bonheur, de joie et de vie, tu seras reconnaissance de notre désir, annonce de son accomplissement et appel à œuvrer en vue de cet accomplissement. Si, au contraire, tu as été témoin d’une douleur, d’une déchirure, d’un doute ou d’une violence, tu seras reconnaissance de toute souffrance humaine, annonce d’un salut et appel à œuvrer en vue de ce salut.
Attends-nous donc, sois patiente, et garde ta sérénité : nous tardons souvent à nous tourner vers toi, à voir ce que tu ne cesses de porter, mais cela ne peut durer éternellement. Un jour nos yeux s’ouvriront, aussi bien à tes joies qu’à tes douleurs, et des flots de vie jailliront en nous et pour le monde à venir…
Sr Ghada, communauté de Paris
Un commentaire