Comme préparation à la fête de la Nativité, j’ai pensé à un texte : l’introduction de la 1ère épître de saint Jean 1 Jn 1, 1-4.
01 CE QUI ETAIT depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons.
02 Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous.
03 Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ.
04 Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite.
Commençons par cette manifestation de la vie, la vie qui se manifeste et que nous pouvons la rencontrer, la toucher, l’écouter. Il s’agit d’une rencontre et d’une expérience. Dieu, par son Incarnation, se donne à notre expérience. C’est fondamental. L’expérience de Dieu. C’est un sujet fondamental dans l’école carmélitaine chez tous les saints.
La foi n’est pas une collection de dogmes, de vérités révélées à accepter ; ce n’est pas une morale, une manière de se comporter. Tout d’abord, c’est une rencontre, c’est une expérience. Et cette expérience est une grâce : c’est Dieu qui se donne. On ne peut pas atteindre Dieu par notre capacité humaine. C’est une grâce. Dieu veut nous rencontrer. Cette rencontre nous transforme. Toute notre démarche de foi est une démarche de rencontres. C’est une rencontre qui nous transforme, qui fait de nous des témoins de cette vie qui se manifeste. Elle nous change de l’intérieur. Il y a un changement au niveau de l’être lorsque nous rencontrons Dieu. C’est une vie qui se donne.
En lisant saint Jean dans cette épître : sans cette vie, il y a la mort : nous avons passé de la mort à la vie (1Jn 3, 14). Cette expérience est une expérience de la victoire de la vie dans nos vies ; la victoire sur la mort.
La mort est le non-amour, la haine, le refus de l’autre, le jugement, ce moi égoïste : c’est le problème de l’humanité. On voit autour de nous le déchaînement de la haine, cette force destructive. C’est le règne de la mort.
La Bonne Nouvelle est la Vie qui est capable de nous transformer. Cette vie est lumière et amour.
Ce passage de la mort à la vie, à travers ces rencontres, cette expérience de Dieu, est le grand projet de notre vie, de chaque vie, du monde.
Voir cette réalité de vie et de la mort. On ne peut pas voir cette réalité sans sa lumière. C’est à la lumière de sa rencontre, que nous voyons cette réalité. Ce passage de la mort à la vie est la théologie de Jean de la Croix : comment accepter cette vie ? comment laisser cette vie nous transformer et changer la mort qui est en nous ?
Cette mort n’est pas uniquement extérieure. Elle est à l’intérieur de moi : ce moi qui critique, qui condamne, incapable d’accueillir les autres dans leurs différences, dans leurs limites, ce moi incapable de se donner, d’aimer en vérité… toutes ces pathologies liées à la mort et qui sont dans notre vie. Le Christ est le remède. Il est la Vie. Il va me changer en une plénitude de vie.
Faire l’expérience de cette vie. Ce qui est fondamental, c’est la foi, cette ouverture à l’expérience : c’est la prière, l’ouverture à la vie (cf. Thérèse d’Avila. Le cheminement de la prière, le cheminement de maturité et de croissance).
Même en continuant à prier, il y a le risque de m’enfermer : est-ce que je laisse cette vie me transformer et me changer ? est-ce que je permets à cette lumière de rentrer et de me montrer les lieux sombres en moi ?
La prière a besoin d’humilité ; accepter la vérité de nous-mêmes. Cette lumière ne nous condamne pas. Elle nous montre la réalité. Je peux tourner autour de moi-même dans la prière. Est-ce que c’est une ouverture à la vie et à la lumière en moi ?
Ouverture : accepter la Parole comme commandement. Cette connaissance personnelle entre Dieu et moi-même.
Vivre cette rencontre pour que nous soyons des témoins : nous rendons témoignage à cette vie.
Quelqu’un qui porte la vie, n’a pas besoin d’efforts. La vie se manifeste tout de suite. Marie porte la Vie en elle. Sa présence rend la Vie manifeste. Elle est témoin lorsqu’elle porte cette vie en elle. Le témoignage est lié à notre être. Qu’est-ce qui se manifeste dans nos actions ? la vie ou la mort. Le plus grand témoignage est celui des martyrs. Dans une situation extrême, face à la mort et à la haine, c’est la vie qui se manifeste. Les situations difficiles de la vie quotidienne sont une épreuve, un examen. Elles nous aident à nous connaître. Qu’est-ce qui se révèle dans une situation difficile ? c’est la vie ou non. L’expérience communautaire nous aide à vivre dans la réalité de ce que nous sommes, elle nous aide à rester dans la réalité, dans la vérité… ce n’est pas un jugement, une condamnation. Est-ce que ces circonstances m’ont aidée à grandir ? est-ce que j’ai grandi à travers toutes ces situations que j’ai rencontrées dans ma vie ? sinon, nous sommes à la merci des circonstances. C’est un cheminement qui ne s’arrête pas. Tout est une occasion pour grandir dans la vie. L’essentiel est la vie qui grandit en moi.
Etre témoins : ce n’est pas une activité. C’est un être qui est témoin d’une vie, d’une rencontre.
Témoigner d’une vie n’est pas par le récit et les paroles. On doit rencontrer cette vie dans la vie de quelqu’un.
Un autre fruit lié à cette rencontre : c’est la communion avec Dieu. Dieu est communion. Notre communion est avec le Père, avec son Fils par l’Esprit. Vivre de cette communion qui est union dans l’amour : c’est partager sa vie, vivre de son Esprit. C’est aussi être en communion entre nous : communion communautaire et ecclésiologique. C’est une réalité théologique. Ce qui crée la communion, c’est sa vie que nous partageons. Si nous avons sa vie en plénitude en nous, nous sommes en communion avec Lui et avec les autres : une communion qui dépasse les lieux et les temps. C’est la vie qui nous unie. C’est sa vie en nous qui nous unie.
Les manques de communion sont révélateurs, signes du manque de cette vie en nous.
Parfois en communauté, il y a des discussions et des disputes, mais ça ne brise pas la communion.
Lorsque nous vivons un manque de communion, il faut commencer par soi-même avant de chercher la cause dans les autres. C’est un changement au niveau de l’être. Nous devenons des êtres de communion. C’est très important de chercher les racines de divisions en moi-même avant de les chercher dans les autres : les préjugés, les jugements… il y a des racines en moi. La communion est le signe que la vie est en nous.
Une communion dans la diversité : souvent nous sommes en communion avec nos semblables. Mais, la communion vient de la diversité. Elle est une lumière qui attire le monde : qu’Ils soient Un… le monde est en quête de communion. Combien il y a de solitude dans le monde. La plus grande pauvreté est la solitude (Mère Térésa). Même lorsque parfois nous sommes entourés, est-ce que nous vivons vraiment la communion ? parfois nous sommes seuls même si nous sommes entourés. Enfin, pour vivre, il y a une solitude profonde en nous que le Seigneur seul peut combler par sa présence. Ça commence par une communion avec Lui pour être en communion avec les autres.
Que de déceptions des relations humaines à travers lesquelles on attend des autres de combler notre solitude. C’est le Seigneur seulement qui peut combler ces manques en nous, par cette vie qu’il nous donne.
Pour vivre la communion, nous avons besoin d’un amour gratuit. Lorsque je suis centrée sur moi et je demande des relations possessives ; là, il n’y a pas de communion. J’aime l’autre et je l’aime gratuitement. Je l’accepte tel qu’il est. L’amour commence par l’acceptation de l’autre.
Etre en communion avec Dieu et avec les autres, marche ensemble.
La vie communautaire, c’est vivre la communion.
Le 3ème fruit : c’est l’annonce de la joie.
Afin que votre joie soit complète.
Afin que notre joie soit complète : la joie de l’amour, du don. La joie complète est la joie de donner cette vie aux autres. Il y a une joie à voir cette vie qui passe à travers nous aux autres.
Voir que cette vie est l’œuvre de Dieu en nous. Quelle joie de donner la vie, de se donner…
On ne peut pas être serviteurs de cette vie sans se donner complètement à cette vie.
Afin que votre joie soit complète : nous sommes les serviteurs de votre joie. Le monde a soif de cette joie. Il y a un manque terrible de la joie. On essaye de le combler par les plaisirs, les possessions… on voit que ça ne donne pas de fruits. Avec cette vie, il y a la joie de cette plénitude, la joie de vivre de sa présence, la joie de l’amour. Il y a la joie partout avec le Christ même au sein des difficultés.
La marque de la vie en nous, c’est cette joie ontologique. Etre dans cette attitude de gratitude, de plénitude, d’action de grâce pour cette vie qui se donne.
Le but est que le monde connaisse la vie et la joie en Christ.
C’est un message de joie, et de joie complète.
Evangéliser, la mission est une annonce de la joie. Ce n’est pas du prosélytisme.
C’est Noël : rencontrer Dieu qui s’est fait chair. Faire l’expérience de Dieu.
Il se donne dans cette simplicité. Il nous transforme.
La rencontre de Noël a transformé Thérèse. Elle l’a enlevée de son infantilisme pour être l’enfant de Dieu.
Noël est la fête de la communion. La famille de Nazareth est une icône pour toute famille, pour toute communauté.
Etre témoins de la joie de Noël. Parfois, on cherche ailleurs, la joie extérieure… ne pas réduire Noël à ça. Ce n’est pas une joie passagère. La joie de Noël est la joie de cette Vie qui se donne pour que nous ayons la vie en plénitude.
Amen !