Devenir authentiquement humain et soi-même avec Edith Stein
Bien qu’Edith Stein n’ait pas écrit de livre sur l’éducation, son histoire son être et donc ses écrits sont marqués par cette question. En effet, Edith a toujours écrit sous l’impulsion d’une réflexion intérieure : « il me faut réfléchir à ce qui fait ma vie ». Éducatrice, enseignante, conférencière, mais aussi carmélite, priante, mystique, Edith nous livre une réflexion sur le geste éducatif et nous entraine à un rapprochement avec l’évènement eucharistique, perçu comme l’acte pédagogique le plus essentiel.
Dans son livre, « La vision éducative d’Edith Stein », Eric de Rus, philosophe et poète, met à jour la démarche d’Edith, ce chemin d’intériorité comme la réponse au devenir humain.
Edith, femme d’une grande intelligence est consciente des capacités intellectuelles de l’être humain. Elle perçoit dans le questionnement et la mise en langage deux activités de l’éducation : un questionnement qui libère un espace intérieur d’écoute et une parole pour traduire la pensée de l’âme (« Qui conque n’arrive pas à traduire sa pensée est comme un prisonnier en son âme propre »). Mais selon elle, le développement de la personne ne peut se réduire à la raison. Sans la grâce, sans la vie divine, les ressources naturelles ne permettent pas à l’être humain d’atteindre sa réalisation première, son devenir originel : « Cette vie divine elle-même est la force motrice intérieure » d’un chemin. Elle n’est pas à chercher en extériorité vers un au-delà, un en Haut, mais dans un chemin qui mène à un centre au plus intime de notre humanité. C’est ainsi que chaque personne chemine vers sa plénitude et sa singularité. Rejoindre cette divinité et se laisser éduquer-former par elle, appelle à une descente en soi.
L’acte éducatif est un processus de créativité pour épanouir ce qui est déjà présent, en germe en l‘homme. « Toute âme individuelle est sortie de la main de Dieu et porte une empreinte particulière » qu’il appartient à chacun de découvrir. Il n’est pas en effet de vocation prédéfinie ou balisée par Dieu. « Chacun doit répondre à la grâce librement ». Ce n’est que dans la liberté que tout être trouvera un chemin pour déployer, épanouir, développer ce qui est présent. Or l’homme est d’autant plus libre qu’il se lie à Celui qui vit en lui et le libère. Selon elle, la prière constitue la voie d’accès privilégiée à l’intériorité puisqu’elle reconduit la personne vers son centre le plus intime, pour y déployer cette créativité imprévisible. Ainsi, Edith écrira : « Le Christ est le centre de ma vie »
Edith invite l’éducateur humain à une profonde humilité. Ce chemin est épiphanique, révélation : il mène à devenir un autre Christ, en devenant pleinement soi-même centré en Lui. Le geste éducatif se déploie dans un mouvement qui va « de l’extérieur vers l’intérieur, et du plus intérieur vers le supérieur réellement manifesté ». Il peut donc être pensé comme une extension du geste eucharistique, lieu d’union de l’existence humaine et de Celui qui Demeure en toute humanité. L’éducation est donc bien un art voué au rayonnement de la vie de Dieu, une épiphanie.
Par sr Marie Guillaumin
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