C’est un chemin de transformation et de divinisation. Il ne peut se faire que par notre disposition et notre consentement à nous dépouiller, et par l’œuvre de Dieu en nous: à demeurer devant notre Dieu, dépouillés, notre cœur n’appartenant qu’à Dieu.
Double kénose, celle du Christ et la nôtre dans notre chair et humanité.
Union de ressemblance avec le Christ, identification à lui pour nous unir à Dieu, par étapes :
1- Le désir, le vrai désir de Dieu.
2- Se laisser transformer.
3- Purifications dans notre être et nos tendances les plus profondes
4- Devenir libres pour aimer, retrouver notre véritable image faite à l’image de la Trinité en nous.
Faut-il passer, forcément, par cette purification et anéantissement pour notre union avec Dieu ?
Mourir à soi-même. Il n’y a pas d’union sans passage par la porte étroite et le chemin resserré, nous dit saint Jean de la Croix.
– « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2,20).
– « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (Jn 12, 24-26).
Qu’entend t-il par anéantissement ?
Ce n’est pas une destruction, mais une restauration de l’image défigurée, libération de tout ce qui nous retient captif tant sur le plan matériel que spirituel. Pour un épanouissement de notre vraie liberté d’enfants de Dieu. Se détacher de soi-même, de notre égocentrisme, de ce qui nous encombre pour aller vers Dieu et vers nos frères. Dieu et les frères sont deux mouvements inséparables. La liberté est ce qu’il y a de plus divin en nous.
1- Donner lieu à Dieu, cela demande dépossession,pauvreté et nudité (comme Jésus, Ph 2)
2- Chercher Dieu activement, et à faire sa volonté.
3- Se laisser conduire par Dieu, dans l’amour (volonté), l’espérance (mémoire), et la foi (intelligence), qui font le vide dans nos trois facultés spirituelles.
4- Faire le vide de tout ce qui n’est pas Dieu, purifier nos affections.
Comment marcher sur ce chemin ?
Chemin : comme les marcheurs en montagne partent avec un sac léger et marchent droit, ne pas laisser échapper l’essentiel, se désencombrer de ses bagages (nos vertus, nos pratiques, notre assurance humaine, notre ego), il s’agit d’être léger à la manière de saint François d’Assise (pauvreté franciscaine).
Faire passer le Christ, sa volonté, et les autres avant soi… Par un mouvement de pensée à Dieu.
Nos dons, notre personnalité ne sont pas détruits mais ils sont reçus pour aimer Dieu et aimer les autres, servir Dieu et servir les autres.
Chemin qui cherche croissance et libération. On ne peut y aller sans combats, sans croix, sans souffrances. Il ne s’agit pas de demander un surplus de souffrance, mais de vivre nos souffrances humaines comme une participation à la croix du Christ. Tous les jours nous souffrons de notre condition humaine, pour nos proches, notre pays…. Accueillir cette souffrance et la prendre comme participation à celle du Christ, donne sens, et donne force de la porter.
Cela devient alors un chemin d’amour… Le Christ à la Cène, ne parle-t-il pas de joie ? « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). Notre bâton sur la route est sa croix, le »fardeau, joug » deviennent légers quand ils sont d’amour. La souffrance s’éclaire quand elle devient par et à la gloire, au salut du Seigneur.
Regarder les croix des autres, pour donner sens à ce qu’ils vivent : mon regard devient alors offrande et laisse le Christ la vivre à travers eux et nous. Hommes sauvés et qui sauvent ses frères par la croix du Christ. Le Christ de plus en plus uni à nous comme Époux, Maître, Seigneur, Ami et Frère.
Conclusion… un travail
1. Travail de négation. Contre nos appétits et nos mauvais désirs.
2. Travail d’intériorisation. Pour rencontrer Celui qui habite en nous, c’est une sortie de soi vers un autre au-delà de soi, dans un décentrement de soi pour le vrai centre qui est Dieu. Travail de silence pour écouter la voix de Dieu.
3. Un travail d’amour. Pour aimer en vérité pour faire place à un autre qui deviendra « amour » en nous. S’incliner au plus difficile, au plus insipide (1MC 1). Travail d’amour vécu en toute pauvreté et humilité. C’est Dieu qui aime en nous.
4. Un travail de pauvreté. La béatitude du pauvre. Cf. Son croquis de la montée du Carmel « rien »en leitmotiv. Le modèle de la pauvreté en est le Christ de la crèche jusqu’à la Croix, ne mettant la main sur rien. Le rien pour s’unir à Dieu et être enrichis de Dieu. « Heureux vous les pauvres ! ». Cf. La joie pour les pauvres (Cf. Évangile de saint Luc).
Sr Mariam an Nour, enseignement du dimanche 16 décembre 2018