Devant toi, seuls, nous interrogeons notre monde, notre désir et notre avenir. Nous interrogeons aussi nos relations en essayant de te donner forme, de construire des routes, des châteaux, des maisons, des tours et des murs !
Enfants, tu viens à notre secours. Tu nous révèles un certain pouvoir en nous, un pouvoir de création et de symbolisation. Le plaisir du jeu, la beauté des lieux, la joie des grands, la sérénité du sable et l’amitié qui le lie à l’eau, et beaucoup d’autres éléments, contribuent à faire éclore en nous une puissance que parfois nous perdons en route, la puissance du lien : plus nous prenons les choses et le lien que nous avons à eux au sérieux plus nous nous éprouvons vivants !
Les enfants te prennent au sérieux. Toi aussi, tu les prends au sérieux. Ils savent que tu es là, même quand l’eau vient te voler ta forme et pénétrer entre tes membres jusqu’à ce que tu cèdes à ses caprices. Ils savent que cette violence ne te fait pas mal et t’offre au contraire la possibilité de te renouveler et de te mélanger aux autres. Ils prennent plaisir parfois à regarder l’œuvre de l’eau en toi. Mais, d’autres fois, te voir céder les secoue et réveille en eux cette énorme peur, la peur de céder à leur tour.
Tant de souvenirs gravés dans ta mémoire et dans celles de l’eau et de l’air qui t’accompagnaient. Tant de souvenirs et une histoire qui continue à s’écrire.
Témoin de nos désirs, écrin de nos peurs et de nos histoires, tu les offres à la terre, à l’eau et à l’air, et tu attends. Tu attends qu’un jour un enfant puisse voir en toi les visages de tous ceux qui l’ont précédé, les visages de ceux qui se sont confiés à toi, et qu’il les garde en lui, jusqu’au bois de la Croix et bien au-delà !
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