On est habités par ça ; Je vous mets au défi d’en trouver la moindre trace dans les Évangiles. Il n’en est strictement jamais question. Jésus ne fait jamais allusion à un péché originel. L’Eglise des premiers siècles a écrit des Credo, on connait le symbole des apôtres, le symbole de Nicée Constantinople : le péché originel ? Pas question ! Or on a condensé là tout ce qu’il est important de croire. Autrement dit, le péché originel, on n’a pas à y croire. C’est libérateur. ! En plus, on n’en a jamais eu la conception avant Augustin, qui est mort en 430. Ce qui veut dire que pendant 4 siècles au moins, on a vécu sans savoir qu’il y avait un péché originel, et on a vécu quand même ! Quand on voit l’importance que cela a pris après, on se dit : mais enfin, qu’est-ce qu’on est allé chercher là ?
Question : Est-ce que l’homme n’est pas pécheur ? un pêcheur ne naît pas parfait ?
Adama : le collectif, c’est notre péché à tous. Ce n’est pas le péché d’un pauvre bougre à l’origine de l’humanité dont on porterait tous les conséquences. D’après Ricœur, et je crois qu’il a raison, c’est la cause la plus forte de la déchristianisation.
Il y a encore des gens pour qui le baptême lave du péché originel. et pour lesquels Jésus est né pour racheter du péché originel. S’il est né pour cela, Jésus n’a pas grand intérêt, honnêtement.
Le péché ? Il faut toujours revenir à l’exode : le péché, c’est quoi ? Pendant la marche au désert : le veau d’or. Le péché, c’est ce que les hébreux appellent le péché des veaux c’est l’idolâtrie (dans le récit, Ex 32, il y a parfois le singulier, parfois le pluriel) . Je répète… nous avons deux clés de lecture de la bible : Toujours avoir en tête l’Alliance, l’idolâtrie et si je remonte à la création telle qu’elle nous est rapportée dans les deux premiers chapitres de la Genèse, c’est une lutte contre l’idolâtrie, contre les idolâtries des peuples alentour.
Dieu crée, mais il reste distinct de sa création , mais c’est contre le panthéisme du divin qui se promène partout.
Les astres ne sont que des créatures, alors que dans la conception mystique (un ange qui porte chaque astre, qui se déplace), les astres sont des divinités, pas du tout ! Ce sont des créatures, elles sont là pour marquer le jour, pour marquer la nuit, elles ont un intérêt purement pratique.
Contre le polythéisme : Dieu créateur est l’unique, contre un Dieu qui crée le bon et un Dieu qui crée le mauvais : le dualisme.
Dieu voit ce qu’il avait fait : c’est bon, même très bon. La seule fois où Dieu ne dit pas que c’est bon, dans le chapitre premier, c’est quand il crée l’homme, parce que l’homme, il a à le devenir ! Après, quand tout est fini, alors là, c’est très bon, à condition que l’homme s’en occupe… L’homme est à l’image de Dieu, c’est le rejet du monde et du corps, le gnosticisme, le mépris du corps. Et Dieu sait que dans l’Eglise, on y est tombé aussi… les cathares…l’interdiction du mariage…etc…
Dieu distinct de la création —– Contre —– > panthéisme
Astres -> créatures ——————I ———> Polythéisme
Un seul Dieu créateur —————I ———> Dualisme
Bonté du monde
et l’homme à l’image de Dieu ——-I ———> Rejet du monde et du corps (gnosticisme)
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Mission confiée à l’humain -> organiser la terre ———> Instaurer l’espace du travail humain.
Au fond, la création, Dieu la faite et il la confie à l’homme. C’est l’instauration de l’espace de la responsabilité de l’homme et du travail humain.
Nous sommes responsables d’une création qui nous est confiée.
Faisons un pas de plus.
Le fait d’être créé veut dire que nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes, et que par conséquent, nous sommes dépendants
– Dépendance cosmique : par rapport à l’univers : je respire, et ça m’est indispensable. Ce n’est pas moi qui ai fait l’air (j’ai l’ai de quoi ?) Ce n’est pas moi qui ai créé l’univers, mais j’en dépends à tout instant. Je ne peux pas m’en passer . Et quand je le bousille, comme on le fait aujourd’hui, je suis criminel ! Les grands pollueurs sont des criminels, il ne faut pas avoir peur des mots. Dépendance cosmique, j’en dépends, il ne dépend pas de moi. Ce qui dépend de moi, c’est que je peux le dé-créer, c’est-à-dire le ramener au chaos. Cela, c’est la catastrophe, c’est ce qui se passe.
– Dépendance générique : Je suis inscrit dans le genre humain, dans l’espèce humaine. Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, mais j’en dépends. Je dépends de mes parents, de mes ancêtres, mais je dépends aussi des autres. Martin Luter King disait : « Si nous réfléchissons un instant, le fait de nous lever, de nous laver et de prendre notre petit déjeuner, nous sommes dépendants de la moitié du genre humain. » Je prends un café qui vient de tel pays, un cacao qui vient de tel pays, je me lave avec une éponge ou un gant qui a été fait ici ou là…
Dépendance érotique : la différence sexuelle, ce n’est pas tout à fait pareil d’être au monde comme femme ou comme homme. Nous n’avons pas choisi, nous sommes dans une certaine situation par rapport à la vie qui nous est donnée.
Dépendance quant au langage : On est parlé avant de parler. Le langage nous façonne.
Nous sommes dépendants, et nous ne pouvons vivre vraiment qu’en reconnaissant et en assumant cette dépendance. Notre dépendance par rapport à Dieu, qui est de l’ordre de la foi et non de l’évidence, elle se joue à travers tout cela. Le grand drame de l’humanité dès le départ, c’est qu’au lieu de se reconnaître dépendant, on veut se faire Dieu. Là aussi, attention : catastrophe ! Les trans-humains, ça nous promet de belles … Tout cet effort qui est fait par 15 universités des Etats Unis pour arriver au transhumanisme, ça veut dire que les pauvres ‘couillons’ que nous sommes, nous allons être des esclaves. Relire Aldous Huxley le meilleur des mondes, un texte prophétique par excellence, extraordinaire, à lire et à relire. On veut se faire Dieu, alors qu’il veut nous proposer de nous diviniser. Il se propose de nous donner part à sa vie divine, mais nous, on veut se l’approprier. On transforme le don en un dû !
A venir : Petit résumé
2 commentaires
Bonjour,
Peut-être devriez-vous lire, sur le péché originel, « Le Message Retrouvé » de Louis Cattiaux qui dit notamment : « Hélas ! Combien croient encore au sauvetage spirituel et corporel de l’homme exilé ici-bas, puisque plus personne ne croit même à la chute antique ? » (Livre XXXVII, verset 44′)
Cordialement.
Merci pour cet éclairage ! En effet le péché n’est pas originel, seul l’Amour est originel. Dieu est Amour, il est à l’origine de tout. De plus si j’en crois le Nouveau Testament nous ne sommes pas des pécheurs mais des Saints : Rm 1,07 ; 1Co 1,02 ; Eph 1,04 et 2,19 ; Col 1,22 ; 2 The 1,10 ; He 3,1 … Nous ne sommes pas pécheurs, mais capables de pécher ! Ce n’est pas notre nature profonde. Nous sommes sauvés par le Christ de ce mauvais usage de notre liberté ! Un livre intéressant développe cela P. Bernard BASTIAN, vivre en homme sauvé.