« Le bras qui tient le pinceau est replié sur la gauche, dans la direction de la palette ; il est, pour un instant, immobile entre la toile et les couleurs. Cette main habile est suspendue au regard ; et le regard, en retour, repose sur le geste arrêté. Entre la fine pointe du pinceau et l’acier du regard, le spectacle va libérer son volume » (M. Foucault, dans Les mots et les choses, premier paragraphe du chapitre I, commentant un tableau de Velasquez, les Ménines).Beaucoup de « choses » participent à la beauté de ce qui est décrit parce que ces mêmes « choses » ont déjà participé à la beauté du tableau.
Le pinceau, la palette, la toile, les couleurs, avaient besoin d’une main et d’un regard afin qu’ils se révèlent sous une forme nouvelle.
Mais, ce qui n’est pas mentionné par Foucault, et dont se nourrissent, aussi bien la main et le regard, que le pinceau, la palette, la toile et les couleurs, c’est la lumière.
Si je me rappelle bien, tu m’en avais un jour parlé. Tu m’avais dit que tu mettais en elle ta confiance, qu’elle vous appartenait en commun, au peintre et à toi. Tu me répétais que rien ne pouvait se passer, rien ne pouvait être dit entre vous sans elle. Tu m’avais montré tes frères, les autres tableaux, en me décrivant ce qui en chacun d’eux était de l’ordre de l’adoration. Vous adorez la lumière ! Je ne le savais pas.
Je ne savais pas que vous étiez un peu comme nous, un peuple, un dieu, une religion ! Je ne savais pas que chacun de vous était sauvé par le dieu que vous adorez. Je ne savais pas que c’est grâce à cette œuvre de salut que nous avons souvent le plaisir de vous rencontrer. Je ne savais pas que votre dieu est apparenté au nôtre. C’était pourtant évident mais, qu’est-ce que tu veux, j’étais aveugle. Je ne suis pas sûre que je vois beaucoup mieux qu’avant mais ce dont je n’arrive plus à m’en empêcher depuis un petit bout de temps c’est de reconnaître en chacun de tes frères un acte d’adoration, à chaque fois différent, et toujours nouveau.
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A gauche-bas : Portrait d’un joueur de Luth, Francesco Salviati, Collection Alana, détail.
A droite bas : La Trinité avec la Vierge et quatre anges, Niccolò di Pietro Gerini, Collection Alana, détail.
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