Entre les scènes et la Cène, tu accompagnes notre désir.
Ta couleur, ton parfum et ta texture, qui varient à l’infini, appellent à chaque fois un nom. Le nom d’une ivresse. À ce nom nous venons à chaque fois en ajouter un autre ; nous venons ajouter un regard, un odorat, une attitude, un corps et un désir. Un désir qui appelle telle ivresse. Une ivresse qui révèle tel désir.
L’excès te vole ta fonction et défigure ton nom. L’excès brise l’harmonie de la table au lieu de la renforcer, de l’enrichir et de l’intensifier. J’ai appris à t’approcher en apprenant à me connaître et à savoir ce que c’est que de partager le plaisir. J’ai appris que la juste mesure n’est pas la même pour tous, mais qu’il y a toujours une juste mesure à découvrir pour ne pas t’humilier, pour ne pas te gaspiller dans un corps qui voudrait se fuir au lieu de s’habiter.
Et lorsqu’un jour j’ai découvert une ivresse dont tu n’étais pas la source, j’ai compris ce que tu as toujours su : Il est notre désir. Et si tu es là, si tu demeures, c’est pour raconter à chaque fois son geste : Il t’a offert à ses disciples comme l’on s’offre à un Dieu.
S’offrir à un Dieu ne peut plus désormais se faire sans que l’homme ne s’offre d’abord à ses frères. L’ivresse des ivresses, l’ivresse des fils, reconnaît dans à de telles offrandes la couleur, le parfum, la texture et le goût de l’amour.
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