La croix est l’heure de la gloire par excellence. Dans ce récit, Jean a condensé plusieurs évènements à la fois.
C’est l’heure de la gloire : la révélation de Dieu, de son identité, de ce qu’Il est en vérité. C’est la pleine révélation de son amour : Il se révèle. Lorsque vous élevez le Fils de l’Homme, vous connaissez que je SUIS. C’est à travers l’amour que Dieu nous fait connaître son identité profonde. C’est l’attraction de cette beauté de l’amour du Christ.
Si on veut appliquer cela dans notre vie : toujours aux moments des croix de notre vie (maladies, difficultés communautaires, épreuves spirituelles, le mal dans le monde…), ce sont les moments de révélation, de la vérité de nous-mêmes. Le moment de la croix est le moment de la vérité.
C’est un moment de grâce. C’est notre vieil homme qui se révèle : colère, angoisse… ou bien c’est le Christ qui se révèle, c’est l’amour qui se révèle.
Dans cette logique, les croix dans notre vie peuvent devenir des moments de lumière : c’est l’amour de Dieu qui se révèle en nous.
À l’intérieur de ce thème de la gloire, il y a beaucoup de détails significatifs.
Saint Jean ne parle pas de brigands mais de deux autres. C’est lui qui dit que Jésus est au centre. Il parle de l’écriture : Jésus, le roi des juifs.
La croix est représentée comme le trône du roi ; il est entouré par deux hommes.
Le Christ transforme la croix en trône où il vit sa royauté. Et c’est la véritable royauté.
Le roi est quelqu’un qui est libre et non esclave. C’est la plus grande liberté, être libre pour se donner. C’est la liberté des enfants de Dieu/ la liberté de l’esprit, du Christ. Il nous libère des liens de l’égoïsme, de la volonté… pour être libres de se donner. C’est un aspect de notre sacerdoce commun. C’est la royauté. Mais quel genre de royauté ?
La croix comme trône, lieu de la manifestation de la gloire. Et c’est là où le Christ exerce son autorité. Il nous appelle à ce genre d’autorité. Les grands de ce monde règnent, mais le plus grand parmi vous sera votre serviteur. C’est l’autorité d’amour sur les cœurs. C’est une autre manière de vivre l’autorité. Thérèse d’Avila parle de la prieure qu’elle doit être aimée. Lorsqu’il y a l’amour, il y a cette obéissance naturelle du cœur sans même des lois…
Tentation de Jésus au désert : le diable lui promet une autorité facile, sans peines. Jésus a refusé. C’est à travers la croix qu’il va exercer son autorité. C’est à travers l’amour, le don de soi que l’autorité s’exerce.
C’est un amour qui transforme les cœurs avant tout.
Devant le mal, on est tenté à chercher le chemin le plus court.
On arrive au passage du partage des vêtements.
Selon l’AT, c’est la tunique du grand-prêtre qui a été tissée sans couture, une seule pièce.
Ici, il y a un signe du sacerdoce du Christ : il est le prêtre et il est l’Agneau pascal (Ex 12, 46). Il est le prêtre et le sacrifice. Chez saint Jean, le Christ célèbre trois Pâques : détruisez ce temple et je le construis en trois jours ; chapitre 6, la manne. Le Christ est le pain de vie ; il est Lui-même l’Agneau pascal (dont le sang est mis sur les portes pour protéger ; c’est celui qu’on mange…).
Le Christ a transformé la croix qui est un moyen de mort, en autel sur lequel Il se donne. C’est pour cela, nous adorons la croix car elle est l’autel du sacrifice.
Ce que le Christ a vécu, il nous appelle à le vivre par sa force. C’est l’aspect eucharistique, de l’offrande… transformer nos croix en autel sur lequel on se donne par amour. C’est révolutionnaire. Comment transformer les difficultés de nos vies : au lieu qu’ils soient des occasions de mort, l’amour a la force de les transformer en autel. Même si c’est une offrande cachée, elle peut donner ses fruits (cf. Edith Stein) : elle a transformé le mal derrière cette mort en une offrande. C’est la logique de chaque jour.
Comment on peut les transformer. Par cette force de l’amour que Dieu nous donne.
Le don de sa mère.
Jean parle du disciple bien-aimé mais jamais il ne se présente ainsi.
Mais, en ne le nommant pas, Jean veut dire qu’il est l’exemple du vrai disciple : il se jette sur le cœur de Jésus, intimité avec le maître, le disciple qui reste debout aux pieds de la croix, le disciple qui accueille la mère. Dans le texte grec, en voyant « la mère » = la nouvelle Eve = la Femme.
Ce n’est pas facile de donner ce qui est le plus intime à nous, dans notre vie, de le donner aux autres.
Marie est la personne la plus proche de Jésus. Elle est unie à Lui. Le don de sa mère fait partie du don de soi-même. C’est la pauvreté totale.
Accueillir Marie : c’est accueillir l’amour du Christ pour nous.
L’aspect sacerdotal de Marie : offrande de Marie, offrande de son Fils. Elle est debout pour offrir.
Marie est l’accomplissement des figures des femmes dans l’AT.
Marie est associée à l’offrande du Christ. C’est son amour pour nous. Elle partage avec Lui son amour.
La mort du Christ.
J’ai soif. Il y a plus que la soif physique.
Mère Teresa a compris que c’est la soif des hommes.
Afin que l’Ecriture fut accomplie… ils lui présentent du vinaigre… tout est achevé… le Christ n’a pas fini la célébration de la Pâque avec ses disciples. Il y a 4 coupes qui passent et chaque coupe a son sens dans la célébration.
Le Christ a quitté après la 3ème coupe. A Gethsémani, Jésus dit : éloigne de moi cette coupe.
Sur la Croix, c’est la célébration de la Pâque qui est achevée. C’est sa Pâque. Le Christ est conscient de chaque geste : Cet aspect liturgique de sa mort.
Branche d’hysope : ce n’est pas une branche longue. Elle n’est pas pratique.
L’hysope a un aspect liturgique : c’est avec l’hysope qu’on asperge les maisons avec le sang de l’Agneau.
Le Christ vient accomplir la liturgie de l’AT. C’est l’accomplissement de la Pâque juive.
Le côté ouvert de Jésus :
L’aspect ecclésial. La nouvelle Eve qui sort du côté ouvert d’Adam.
C’est Adam endormi sur la croix.
St Ephrem fait le parallélisme entre la lance d’Eden (barrer le chemin au paradis) et la lance de ce soldat (ouvrir le chemin et avoir accès à l’arbre de la Vie), surtout à travers les sacrements.
Pour Lui, l’Eucharistie et la croix sont l’Eden.
L’eau et le sang : symbole sacramentel. L’eau est l’Esprit chez saint Jean (chapitres 4, 7…).
Il donna l’Esprit en mourant. La Pentecôte a lieu chez saint Jean sur la Croix. C’est le don de la vie nouvelle. Sur la Croix, une humanité nouvelle est née à travers le don de l’ES.
Nous sommes enfantés du sein de la Croix à cette humanité nouvelle.
Cette lance nous a ouvert la possibilité de rencontrer le cœur du Christ. On peut contempler le cœur de Jésus et l’habiter.
Ce moment est un moment de gloire. Tout est là chez saint Jean. C’est la source de la vie nouvelle, c’est le lieu de la lumière.
On ne trouve pas cet aspect doloriste de la croix. Il faut comprendre le sens des souffrances du Christ (bien sûr que le Christ a beaucoup souffert sur la croix).
Médiation du P. Georges Abi Saad, Mechref
Photo : Eglise St pierre de Caen