Fraternité œcuménique de Lomme-Humanicité
Depuis janvier 2011,ma vie s’est trouvée revivifiée par une vie ensemble avec deux sœurs protestantes et trois autres sœurs catholiques constituant ainsi une fraternité située dans l’agglomération lilloise. Cette vie religieuse revêt un caractère atypique puisque nous sommes de confessions différentes. Mais notre vécu pour chacune prend racine au baptême se déployant à travers notre engagement dans la vie consacrée. Dans ce terreau commun, au jour le jour, deux piliers consolident l’ensemble : la prière et la vie fraternelle, ouverte sur les réalités que nous côtoyons.
Comment concilier des perceptions différentes ?
Les carmélites de saint Joseph prient l’oraison, les sœurs oblates s’orientent vers l’adoration, d’autres ne se retrouvent pas forcément dans ces styles de prière personnelle. Mais chacune a fait chemin vers sa sœur, découvrant la beauté de la prière partagée en silence. Concrètement, pour des sœurs protestantes, l’adoration est d’approche difficile. C’est pourquoi, nous avons distingué temps communautaires et temps personnels gratuits laissés au discernement de chacune. Les temps de prière se sont construits dans un dialogue, à l’écoute des Règles de vie de chacune des congrégations et des aspirations de chaque sœur.
L’oraison, prière silencieuse typiquement carmélitaine est devenue désormais un lieu familier et libre pour la plupart d’entre nous.
Dès la fondation de notre communauté, nous avons opté pour la prière liturgique de Taizé, telle que pensée à son origine.
La Bible, chemin pour protestantes et catholiques
La Parole de Dieu qui depuis longtemps tient une place de choix dans mon expérience personnelle s’est approfondie grâce à cette proximité avec nos sœurs protestantes. Elles connaissent la Bible dès leur enfance et chaque jour « Bible en poche » où qu’elles aillent, sont capables de citer de mémoire la référence de tel ou tel verset du Premier ou du Nouveau Testament. Cela nous émerveille toujours !
Avec elles, j’ai appris que le « Premier » Testament n’est pas nommé « Ancien ». Ce « Premier » est un commencement qui met plus en valeur toute la dynamique de cette première partie de la Bible.
Une semaine de l’unité en écho à notre quotidien
Dans les diverses rencontres de cette semaine de prière pour l’Unité (à l’église anglicane, au temple, à la Passerelle lieu œcuménique, à l’église orthodoxe et à l’accueil Marthe et Marie catholique), une large place est accordée à l’émerveillement, à la demande de pardon, au partage, à la convivialité et à l’intercession pour qu’advienne cette Unité entre nous, frères et sœurs en Christ. C’est bien là l’image du vécu de notre vie fraternelle telle une rosace scintillant de mille couleurs par la grâce d’en-haut.
Un monde à l’envers ?
Sourire du ciel : cette semaine, dans la chapelle catholique Marthe et Marie avait lieu la sainte Cène. Or les circonstances étaient telles qu’aucune de nos sœurs protestantes n’étaient présentes. Donc, nous sœurs catholiques avons accueillies la Pasteur et quelques membres de l’église protestante pour ensemble célébrer la Cène…
En vivant cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, il m’apparaît encore plus évident qu’une chance extraordinaire, du fait de la mise en commun au quotidien de nos complémentarités, est en nos mains. Que souffle l’Esprit créateur pour que ces échanges de dons se multiplient… Oui, « l’Esprit est aussi à l’œuvre hors des frontières de mon Eglise ! » (Walter Kasper)
Sr Agnès-Marie, carmélite de Saint Joseph