« La part qui me revient fait mes délices » avons-nous tous entendu et même chanté – en vietnamien ! – dans le psaume responsorial, le psaume 15 qui peut fédérer notre action de grâce au terme de ce chapitre : « La part qui me revient fait mes délices (…) Devant ta face débordement de joie ! » Oui, c’est un bonheur que nous célébrons ce soir… mais, pour qu’elle ne soit ni illusoire ni indécente, ce n’est pas n’importe quelle joie qui nous habite. « La part qui me revient fait mes délices. J’ai même le plus bel héritage » : il est question de part, c’est-à-dire de part reçue, de partage, d’héritage aussi donc de mort à traverser. Nous le comprenons, la joie que nous célébrons est une joie offerte qui ne vient pas de nous, une joie jaillie de l’épreuve, une joie partagée qui ne nous appartient pas.
Telle est la part offerte qui ne nous sera pas enlevée. Cela nous ramène à la figure de Marthe que nous célébrons aujourd’hui et qui fut présente tout au long de ces journées dont elle peut servir de fil rouge pour une relecture. Avec l’évangile de Luc, Marthe est figure de l’hospitalité qui, durant ce chapitre, fut vécue et approfondie. J’ai vécu votre invitation et ces jours comme une belle expérience d’hospitalité où donner et recevoir se mélangent pour nous transformer : je rends grâce à Dieu et de tout cœur vous remercie. Avec ce même évangile, Marthe exprime également le défi de l’unification clairement esquissé dans votre chapitre : à la recherche de l’unique nécessaire, unifier le service et l’écoute, le don de soi et l’accueil de soi, l’amour de Dieu et l’amour du prochain comme le dit avec force la première lecture. Marthe exprime également le défi de la fraternité comme traversée de la rivalité, comme exigence du respect et de la bienveillance, comme lieu de la miséricorde, comme expérience de porter et de se laisser porter tel que nous l’a enseigné la belle icône capitulaire. Mais avec l’évangile de ce jour, la peine de Jésus et Marthe confessant Jésus Christ et Fils de Dieu rejoignent un autre défi de votre chapitre, qui, en ce jour de prière pour le père Hamel et les victimes de la folie terroriste de ces jours, prend un poids et une urgence toute spéciale : discerner les cris du monde, les éprouver nôtres et se tenir devant Dieu pour tous.
Dans ce même évangile de Jean, Marthe s’avère peut-être trop prudente. « Au dernier jour » se contente-t-elle de croire : « non, dès maintenant » lui répond au fond Jésus en faisant sortir Lazare de son tombeau. La joie dont nous parlons est tout à la fois promesse offerte mais fruit déjà goûté au cours de ce chapitre, don gracieux et fruit du désert avec son lot de traversées et de transformations. Dieu, qui nous a aimés le premier, continue de nous précéder en envoyant l’Esprit Saint, ce « Tiers » qui vient tout assouplir, irriguer, débloquer, élargir. Oui, « la part qui me revient fait mes délices » : que cette part, que cette joie, vous porte dans la mise en œuvre de votre chapitre au service de toutes vos communautés et dans la fidélité créatrice au charisme de votre belle Congrégation du Carmel Saint Joseph ! Amen
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