Évangile magnifique, évangile redoutable. Évangile magnifique qui, interprété selon tout l’évangile, dit avec limpidité le cœur de notre foi, la divinité de Jésus et sa fraternité universelle et l’unité des deux commandements, autrement dit l’inséparabilité de l’obéissance à Dieu avec le service de la fraternité humaine. Évangile redoutable dans le contexte de notre actualité où des hommes tuent au nom de Dieu – pour faire la volonté de Dieu –, geste qui, selon notre même évangile, résonne comme un blasphème : corruptio optimi pessima. Nous prions pour la Paix. Il me semble que cela nous engage dans trois directions auxquelles votre chapitre n’est pas étranger : offrir l’hospitalité du silence, vivre la fraternité de compassion et mener le combat de l’espérance.
Offrir l’hospitalité du silence car devant tant d’horreurs et de mots qui frisent facilement l’indécence ou le bavardage, il nous faut tenir notre vocation et notre dignité de frères et de sœurs ouverts à l’autre et au Tout-Autre, ouverts à l’accueil de toute humanité et à l’écoute de la Parole du Seigneur. Œuvre de décantation, notre écoute de cette Parole va au centre le plus profond de nous-mêmes plus grand que nous-mêmes pour que nous ne confondions pas volonté de Dieu et idéologie humaine car, selon ce que nous pourrions appeler un critère d’ironie, c’est malheureusement à ceci qu’on reconnait celle-là : vouloir faire la volonté Dieu que ce dernier la veuille ou pas !
Vivre la fraternité de compassion car n’est-ce pas la seule réponse aussi redoutable soit-elle car sujette elle aussi à la perversion et à la caricature ? Dans la trilogie républicaine, la fraternité est sans doute celle qui parle le moins et pourtant en ces temps de désarroi n’est-ce pas celle qui a le plus de ressource ? Notre fraternité chrétienne trouve en Jésus, dans sa propre compassion et dans son assomption de toute détresse humaine, le chemin de cette fraternité.
Mais, troisième direction, ce chemin est combat d’espérance. Prier pour la paix implique la reconnaissance de notre propre complicité avec le mal et de nos propres violences, notre impuissance à la fraternité. Nous prions pour la Paix car nous la savons hors de nos propres forces mais don – toujours offert – de Dieu. Là est l’espérance : croire que dans le petit peu que nous pouvons, selon une logique sacramentelle de l’antidote, se construit la fraternité humaine. Pour tous. Cela rejoint des thèmes de votre chapitre. Vous ne travaillez donc pas pour vous seules : que cela vous encourage ! Amen
« Lors d’un Chapitre, du fait de l’origine internationale de l’assemblée, la liturgie est priée en diverses langues, l’émerveillement des chants et des richesses de chaque culture. »
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