GRAND SILENCE
« LE SAMEDI SAINT, L’ÉGLISE DEMEURE AUPRÈS DU TOMBEAU DANS LE SILENCE POUR LA VEILLÉE PASCALE, VOIR AU DIMANCHE DE PÂQUES »
(Missel du Samedi saint)
Il est bien une difficulté que celle de commenter un jour sans paroles, sans texte biblique que le silence et le vide du tombeau. Pas de texte de la Parole de Dieu pour cette journée a liturgique, donc… pas de commentaire ?
Paradoxe que Frédéric Boyer dans sa chronique de La Croix Hebdo du 12 avril formulait ainsi : « est-ce une victoire ? Quand l’être aimé disparaît pour toujours du monde que j’habite, quand sa voix s’éteint, quand son corps s’efface, et que je n’en ai plus d’expérience familière mais uniquement l’obsession, souvenir, fantôme ou vision, apparition. Quand l’invisible et le silence ont étrangement plus de poids charnel que ce que je vois et entends. Est-ce une victoire ? »
Il m’est alors venu, en mémoire, ce texte fondateur du Carmel qui est la révélation de la Présence du Dieu vivant à Élie.

Le Seigneur qui ne se manifestera à lui ni dans l’ouragan fort et violent, ni dans le tremblement de terre, et ni dans le feu. C’est à-dire dans aucune de nos violences éprouvées, nos demandes de signes, et nos effractions quotidiennes. Non, Dieu se manifeste dans un vide, dans un inconnaissable, dans un silence qui n’est pas violence de l’absence, mais douceur d’un commencement, réconfort d’une relation qui puise sa vérité dans l’Alliance indéfectible entre le Créateur et sa créature.
Il est bon de demeurer comme Élie à l’entrée de la grotte, comme l’Église nous initie en ce jour à demeurer auprès du tombeau vide et dans le silence. « Il y eut le murmure d’une brise légère (de l’hébreu “une voix de fin silence”). Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : “Que fais-tu là, Élie ?” » (1Roi 19,11-13).
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