Sr Nathalie Le Gac nous propose plusieurs méditations pour l’Avent, à partir d’œuvres d’art mises en dialogue avec les textes des dimanches.
C’est l’opportunité d’une rencontre, avec le Frère Angelico Surchamp, en 2009 (Moine bénédictin de l’Abbaye de la Pierre-qui-vire + en 2018), qui lui a inspirée ce chemin d’Avent autour de quatre toiles et d’un diptyque.
Ensemble, jusqu’à Noël, entrons dans le calme et la douceur de cet épais silence, celui de l’attente et de la promesse….
Il fait gris.
Gris souris, gris Paris.
Il y a un haut et il y a un bas,
Il y a une terre et il y a un ciel, fermés comme une chape de plomb,
Tous deux très gris.
Entre ces deux espaces s’allongent, sur les trois-quarts du tableau, de mouvantes silhouettes aux teintes subtiles et dessaturées de gris.
Gris chauds et gris froids se promènent.
Il fait gris.
Tout est gris.
Il y a comme un cortège.
« Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin ? » (Is 63,17)
Tel un « nu descendant l’escalier », les ombres processionnent et traversent de gauche à droite le tableau. Elles créent un espace-temps : un temps qui défile, un temps qui passe, un temps qui attend que quelque chose survienne, un temps qui interroge ?
C’est une marche sans fin.
Il fait gris dans tous ces gris.
« Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis. Nous étions tous desséchés comme des feuilles. » (Is 64,5)
Et pour chacun de nous, comme pour chacune des silhouettes, nous sommes solidaires dans le gris et la quête de lumière, semblant désirer voir le jour très saint : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais. » (Is 63,19)
La marche de Noël, comme pour ce cortège des ombres, c’est oser ce pas à pas lancinant, parfois même un peu machinal. Mais, c’est marcher dans l’attitude intérieure et audacieuse du veilleur et du serviteur qui savent que le maître vient : «Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme » (Lc 21,36). C’est cette tension entre attente et promesse qui nous fait aimer, croire et avancer.
Il nous faut donc espérer au-delà de tout ce gris et pour cela regarder toute chose avec les yeux de notre cœur. Car eux seuls reconnaîtront la lumière qui dissipera toutes ténèbres.
Viens, Seigneur, ne tarde plus ! « Déchire la toile de cette rencontre ! » (Jean de la Croix, Ô flamme d’amour)
Bon chemin d’Avent !
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