2è dimanche de L’Avent
Il fait soudain bleu.
Accident triangulaire.
Dans un désert de gris bleutés, un triangle bleu de lumière a décidé de quitter sa place.
Il se distingue : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours. » (Ba 5,1-9)
Monte-t-il, pour trouer le haut du tableau et sortir du cadre ? Descend-t-il, pour atterrir délicatement sur sa base ? Mouvement ascendant ou descendant ? Nul ne le sait.
Les sentiers ne sont pas encore aplanis ni les ravins comblés : des lignes de force, obliques, créent une tension du bas vers le haut, de la terre vers le ciel.
Est-ce l’amorce d’un mouvement transcendant ? Oui, il y a – dans la verticalité qui s’anime, dans l’horizontalité qui disparaît – de la vie, une dynamique, un échange.
La trouée bleue est comme une parole d’alliance.
C’est une parole et pourtant le titre du tableau est « La vie silencieuse ».
La vie silencieuse, c’est quand on ne sait rien, quand le mystère de l’Amour est trop grand pour pouvoir mettre un nom.
La vie silencieuse, c’est la nuit du tout petit au chaud dans le ventre de sa mère. Et que l’on attend.
La vie silencieuse, c’est le tout premier cri du prophète dans le désert, une voix que personne n’entend : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. » (Lc 3,4)
La vie silencieuse, c’est le prophète qui s’efface devant l’avènement de la Parole de Dieu, et qu’il va mourir, la tête tranchée. Il ne parlera plus.
La vie silencieuse, c’est la vie qui se fait silence parce qu’il n’y a rien à faire qu’à écouter celui qui parcourt la terre, quand Dieu s’approche dans la nuit …
« … Et tout homme verra le salut de Dieu. » (Lc 3,6)
L’avez-vous entendu ?
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