Philippe annonce une bonne nouvelle à Nathanaël, – dont le nom signifie donné par Dieu – et celui-ci commence par la contester, parce qu’elle semble hautement improbable et ne s’inscrit pas dans le cadre de l’espérance et de la foi qui sont les siennes et celles de son peuple. Mais en allant à contre-courant de l’attente et du contexte habituels, cette nouvelle souligne la liberté du Dieu qui étonne toujours, surprend les attentes et provoque des déplacements.
Philippe n’entre pas en discussion. Sa parole ne cherche pas à convaincre. Il adresse seulement une invitation : « Viens et vois ». Place est offerte pour une expérience personnelle, vivante et directe.
Et Jésus s’adresse à cet homme droit, manifestant par sa parole qu’il connait la profondeur de sa quête et de son attente. Nathanaël est rejoint au meilleur de lui-même, touché au cœur, reconnu, accueilli par un autre dont l’intuition et la connaissance sont signes de sa grande proximité avec Dieu. Entre les deux hommes, un échange intime et profond s’établit, et s’ouvre alors un avenir inattendu : Tu verras des choses plus grandes encore ».
Il n’y a qu’un petit pas du préjugé à la profession de foi, parce que Jésus a su voir en ce véritable fils d’Israël, cet homme sans ruse et sans artifice, un véritable chercheur de Dieu, assidu à la méditation des Écritures, qui, comme son ancêtre Jacob, recevra la protection irrévocable du Dieu de ses pères. « Vraiment, c’est le Seigneur qui est ici et je ne le savais pas ! […] Que ce lieu est redoutable ! Il n’est autre que la maison de Dieu, c’est la porte du ciel ».
« Si sa parole me touche, si la vérité vibre en moi, si…, Le Seigneur deviendra mon Dieu. » (Voir Genèse 28)
Un commentaire
« CELUI DONT IL EST ÉCRIT DANS LA LOI ET LES PROPHÈTES, NOUS L’AVONS TROUVÉ : C’EST JÉSUS FILS DE JOSEPH, DE NAZARETH. »… « DE NAZARETH PEUT-IL SORTIR QUELQUE CHOSE DE BON ? » « VIENS, ET VOIS » (Jn 1, 45-51). La foi se communique, se transmet, se reçoit, soit par enseignements, soit par témoignage, soit expérience personnelle ou par personne interposée. Mais, ce qui se reçoit a toujours besoin d’être approfondi, mûri et développé, pour devenir une expérience personnelle. Dans l’expérience que fait Barthélémy, la rencontre avec le CHRIST n’est pas directe, mais par l’intermédiaire d’un compagnon. Ce qu’il cherche dans la Loi et les prophètes, les autres l’ont trouvé autour d’eux. Or, il n’y a de mots adéquats pour l’exprimer, si ce n’est que chacun en fasse sa propre expérience : viens, et vois. Le parcours spirituel de Barthélémy n’est pas direct, mais progressif. Il part du doute à l’expérience : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » « Viens et vois. » Et de l’expérience à la foi : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! ». Croire c’est s’impliquer soi-même dans une rencontre initiée par nous ou par quelqu’un d’autre ; c’est aussi faire sien, ce que nous avons reçu des autres et qui nous a convaincu. La foi est donc une conviction qui part du doute, d’une expérience extérieure à une adhésion sincère et intérieure. Croire c’est aussi se laisser émouvoir par le mystère divin, qui n’est pas toujours entièrement compréhensible à l’entendement humain. Car, si pour les hommes, rien de bon ne peut sortir de Nazareth, pour DIEU tout est possible. Si nous croyons que notre situation actuelle de précarité ou de misère est déjà une condamnation éternelle, pour DIEU, tout est toujours possible. Mais, il faut pour cela que chacun s’engage à un véritable changement, à une saine conversion du cœur, des mentalités et des habitudes. Croire c’est donc aussi arrêter de se condamner soi-même ou de porter un jugement négatif sur ce que nous ne comprenons pas. Et si la Lumière divine a pu apparaître à Nazareth qui était pourtant peu considéré des hommes, pourquoi DIEU ne susciterait-il pas d’autres lumières, grâces, bénédictions et amour dans nos cœurs faibles et mortels ? Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua