Lire ce texte à hauteur d’enfant, c’est toujours accueillir beaucoup d’étonnements et de questions ! Qui est ce berger ? Un maître chez lui, puisqu’il a la clef de l’enclos dans lequel les brebis sont en sécurité la nuit, quand viennent voleurs ou bandits, et peut-être des loups. Les brebis sont libres ; elles entrent et sortent au gré de leur désir. Mais surtout, elles sont connues, reconnues ; elles entendent et, à leur tour, reconnaissent la voix de celui qui prend soin d’elles. C’est lui seul qu’elles suivent, pas un autre.
Les enfants comprennent. Jamais tout, car maintenant, le narrateur ne se confond plus avec le berger. Il est « porte », non de l’enclos, mais des brebis, « Le » passage obligé pour circuler en toute liberté, pour aller et trouver le pâturage qui convient et la paix d’un repos protégé.
Et puis, il y a ce « moi » qui offre une clef essentielle. Un « moi » qui donne la vie, une vie qui a toutes les couleurs, une vie qui déborde. Et ce « moi – berger » prend tous les risques : il expose sa propre vie et se fait défenseur, rempart, protection pour les brebis qui ont choisi de répondre à sa voix et qui le suivent.
Lorsque j’entends ta voix
lorsqu’elle dérange mon sommeil
qu’elle me déloge de mes abris
lorsqu’elle m’appelle à vivre au grand air de ta Parole
elle me propulse sur un chemin
où nous avançons par milliers
Ensemble nous disons » nous », car à chacun tu as dit « tu »
Et c’est à travers toi que nous nous reconnaissons.
Lorsque tu appelles, c’est une marée humaine qui te répond
Mais lorsque fatiguée, je me retranche de la foule
et m’assoie sur le bas-côté
ce n’est plus seulement ta voix que j’entends
Mais c’est aussi mon nom.
Car tu n’es pas seulement le Dieu de tous
tu es le Dieu de chacun
le Dieu nôtre et le Dieu mien.
M.Muller-Colard, Éclats d’Évangile, Bayard, août 201
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