Comme souvent, des juifs font cercle autour de Jésus et l’interrogent. Qui est-il donc ? Que dit-il de lui-même ? « Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement. » Il leur parle avec une comparaison, une parabole. Mais beaucoup ne semblent pas comprendre. « Je vous l’ai dit et vous ne me faites pas confiance. » Son discours engendre des divisions parmi ceux qui l’entendent. C’est un dialogue de sourds.
Et c’est bien l’écoute qui fait la différence. Car dans le récit, il s’agit d’une reconnaissance de la voix qui lie le berger aux brebis. Par trois fois, dans l’ensemble du texte, Jésus revient sur l’affirmation : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. » Une révélation achève la parabole : « Le Père et moi nous sommes un. » En disant cela, Jésus ne dit-il pas qu’il est la voix de Dieu dans le monde ?
Si nous le suivons, c’est parce qu’il vient de l’Éternité nous redire une parole de tout temps qu’il n’a pas inventée : sa langue maternelle a l’accent de Dieu.
Reconnaître ta voix. La reconnaître parmi le brouhaha des faux prophètes
parmi le harcèlement publicitaire qui me place au centre d’un monde illusoire
Reconnaître ta voix qui me décentre et m’ôte le joug de la toute-puissance
(…)
Reconnaître ta voix dans la foule comme on reconnaît
la voix familière
d’un amoureux, d’un enfant, d’un frère.
Reconnaître ta voix
et la suivre comme le filet d’eau de roche qui ramène
à la source.
Ne plus raisonner
tendre l’oreille seulement et voir ce qui résonne
ce qui perce le silence
et percute dans nos vies le point névralgique
qui nous met en mouvement.
(Marion Muller-Colard, Éclats d’Évangiles)
Un commentaire