L’onction à Béthanie
Là où l’évangéliste Luc -7,36-49 – nous donne le récit de l’onction donnée à Jésus par une femme pécheresse chez Simon le pharisien, Jean place la scène à Béthanie dans la maison de l’amitié, là où demeurent Marthe, Marie, Lazare. Luc en fera le récit au chapitre 10, en décrivant Marthe « tiraillé par un multiple service » et Marie, aux pieds du Seigneur, « écoutant la Parole ». Ce récit est précisément situé entre la charité attentive du Bon Samaritain – Lc 10, 29-37 – et le désir de la prière des disciples « Seigneur, apprends-nous à prier. » Lc 11,1.
Jean, lui, resaisit la scène avec le même portrait des deux sœurs : « Marthe servait » et Marie l’orante, « versait sur les pieds de Jésus un parfum de grand prix. »
De la femme aux nombreux péchés qui a montré beaucoup d’amour- Lc 7,47 – à l’amie fidèle et oblative de la maison de Béthanie, la tradition spirituelle a souvent identifié les deux en une seule figure, dans une interprétation audacieuse et symbolique qui met en lumière la puissance de l’Amour. « …d’après le Seigneur, Marie avait choisi la meilleure part, mais le fait est qu’elle avait déjà rempli l’office de Marthe, quand elle avait rendu à Notre Seigneur le service de lui laver les pieds et de les essuyer avec ses cheveux. » VII Demeures 4
Recevoir Jésus en sa demeure, c’est recevoir le Pauvre de Dieu, « Lui qui ne retint pas sa condition divine, dépouillé, devenant semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. » Ph 2,5-8
L’onction sur Jésus fait par une femme nous évoque l’onction royale du prophète sur le roi 1 Sm10,1 – 1 Sm 16,13, qui devient l’Oint. Prophète, Marie l’est en vérité. Son geste nous désigne Jésus le Christ, Serviteur de Dieu, en Béthanie, « maison du pauvre ».
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