C’est ton tour !
Dans son évangile, saint Jean substitue le récit du lavement des pieds à celui de l’institution de l’eucharistie. Signe de « l’amour jusqu’à la fin » et signe laissé à ses disciples, comme mémorial qu’ils auront à répéter inlassablement. Ce geste n’est pas facile à accueillir, et Pierre ne le comprend pas. Il est scandalisé et ne cache pas ses sentiments. Jésus insiste cependant : c’est là, au plus bas de l’homme que la Pâque doit avoir lieu.
Nous consentons et désirons même que Jésus prenne soin de nous. Mais c’est souvent au niveau que nous lui indiquons, voire imposons. Curieux mélange d’attachement et d’orgueil caché. Jésus peut compter sur nous quand il est question de générosité, d’audace, de courage, de service, difficultés et épreuves comprises. Quant à laver ce que nous tentons de nous dissimuler et de cacher aux autres, c’est une autre histoire !
Mais c’est l’histoire de Pâques ! Car pour entrer dans ce mystère, pour suivre Jésus jusqu’au bout, il nous faudra le rencontrer là où il nous attend, non à hauteur imaginaire de nos générosités et de nos limites ‘admises’, mais dans la misérable situation qui est la nôtre, là où il s’abaisse. Rien de plus, mais sans cela, aucune part à sa Pâque !
Et c’est cela que nous referons en mémoire de lui. Qui que nous soyons, il nous faut aussi, comme lui, ici et maintenant, passer un tablier et nous avancer humblement vers tous ceux et toutes celles qu’il nous demande d’aimer, ceux que nous avons choisis et ceux que nous avons trouvés sur le chemin, souvent trop différents, chercheurs de Dieu par des voies qui nous déconcertent.
Aujourd’hui, pouvons-nous laisser à la porte du Cénacle toute volonté de puissance, toutes rancœur et agressivité parce que Jésus descend au plus bas de nous-même ? Cette force, nous la recevons de celui qui s’approche en disant : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. Laisse-moi faire, c’est ton tour. »
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