Jean 13, 1-15 

AIMER JUSQU’AU BOUT
À l’heure du grand passage, qui est aussi celle du consentement libre et total, et du don sans retour. Jésus aima jusqu’au bout (v.01).
C’est ce jusqu’au-boutisme qui lui fait prendre le tablier, s’agenouiller, laver les pieds et dispenser son dernier enseignement : « Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (v.13-15). Son enseignement est un « exemple » qui n’est pas abstrait car il est son agir-même, et qui ne doit pas rester lettre morte, car il est appel à l’interprétation personnelle et collective pour notre Église : se laver les pieds les uns les autres, les uns aux autres. Il l’a fait, alors donc, nous-aussi, nous devons le faire.
Le jusqu’au-boutisme, loin des revendications d’extrémisme et d’irréductibilité, vient, chez Jésus, contrecarrer la violence et la force arrogante. Son jusqu’au-boutisme à lui est à l’envers des valeurs du monde : il est dessaisissement, humiliation, amour radical, absolu et universel qui mettent au jour tout d’abord le geste de l’esclave (venant cautionner la somme de trente pièces d’argent, par laquelle il vient d’être vendu par Judas), mais aussi une partie de notre corps délicate et peu honorable.
Le lavement des pieds nous rappelle le prendre soin et la fragilité, parce que comme le note saint Paul : « la tête ne peut pas dire aux pieds : “Je n’ai pas besoin de vous”. Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres » (1Co 12,21-25).
Marie de Béthanie, toute à son offrande d’amour avait pris soin des pieds de son Maître et ami, en les lui lavant et les essuyant de ses cheveux, et toute la maison avait été remplie du parfum de son don et du don de Jésus puisque le renvoyant à son propre ensevelissement.
En ce jour sanctifié par ce geste du lavement des pieds et de l’institution de l’Eucharistie, demandons la grâce, au Seigneur, de pouvoir creuser cet inépuisable mystère de l’amour sans mesure, de l’amour qui se donne … jusqu’au bout.

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