«Seigneur qui est-ce ?… Fais-le vite … Aucun des convives ne comprit le sens de cette parole ». Aucun disciple ne soupçonne Judas. Qui parmi nous aujourd’hui comprend ce mystère de mort et de Vie, ce mystère d’une grâce infinie ? « Il sortit aussitôt, il faisait nuit. » Pierre aussi dans quelques heures sortira : « Il sortit et pleura amèrement. » (Mt 27,75) Comme il est terrible le désespoir de Judas, de toute sa sincérité il s’écrie : « J’ai péché en livrant un sang innocent. » Les trente pièces d’argent, le prix de l’Homme, paieront le champ du potier, le champ du sang.
Trahisons, reniements, quelque chose de cela ne se glisse-t-il pas sournoisement, presqu’à notre insu dans nos plus belles intentions ? « Je donnerai ma vie pour toi. » Mais dans ce contexte de nuit et de mort Jésus déclare solennellement : « Maintenant le Fils de l’Homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui. » En un temps de persécution l’Eglise chante « Il est vaincu l’Accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant Dieu. » (Ap 12,10) Quelle source d’espérance pour tant d’hommes, de femmes et d’enfants si terriblement malmenés par la vie, par la société, par leur entourage ! Dans une invincible confiance, Jésus sur la croix s’est laissé saisir par notre désespérance : Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »
En cet ultime repas le Fils de l’Homme est bouleversé au plus profond de lui-même. Déjà le Potier transforme, remodèle la terre nouvelle où son Alliance étincelle de tout son éclat. « Elevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » « La nuit comme le jour illumine. » (Ps 138) Si vacillante que soit la flamme de notre foi, un jour elle nous découvre que les moments les plus noirs de nos existences sont devenus en Dieu les plus lumineux, inattendue source de joie !
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