« Jésus fut bouleversé en son esprit ». Ne sommes-nous pas émus par le trouble de Jésus qui pressent l’épreuve capitale qu’il va devoir affronter ? Nous connaissons « la fin de l’histoire », mais suivons au rythme de soir-là, la Pâque du Seigneur.
« L’un de vous me livrera ». Y a-t-il plus grande souffrance que d’être trahi par un ami ? C’est peut-être ce qui taraude les disciples qui ont peine à imaginer cela. Ils veulent savoir, être rassurés. Ils ne peuvent pas être celui-là !
Nous aussi nous voulons connaître le coupable. Ainsi, nous pensons être délivrés de la possibilité de l’être nous-mêmes. Jésus dit : « l’un de vous » … Le traitre, c’est Judas. Tout l’indique. Ce sont les paroles et le geste de Jésus : « c’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat », bouchée que l’on donne, le soir de Pessah à un ami privilégié. C’est bouleversant, à condition que ce que nous entendons et voyons ne nous dédouane pas, et que notre regard, notre cœur se tournent vers celui qui sera trahi sans s’enclosent dans une bonne conscience trop facilement acquise. Si nous pouvions percevoir tout l’amour offert dans ce bout de pain, signe, lui aussi du corps livré. Comme le disait un ami très cher, « Judas a fait sa première communion avant que le diable entre en lui. C’est donc le Seigneur qui demeurera toujours le premier. »
Pour l’heure, ne nous préoccupons ni du sort de Judas, ni de celui de Pierre. Laissons-nous approcher par Jésus, regardons-le, contemplons la divine liberté de son amour, entendons les paroles de vérité qu’il profère, sans jamais, au grand jamais, condamner « ses amis ». Elles nous révèlent tout ce dont nous sommes capables de faire par peur, par envie de domination, par jalousie. Mais elles ouvrent aussi et toujours un avenir de salut, de gloire pour Dieu et pour tout homme.
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