« Que votre cœur ne soit pas troublé. » Jésus ne prend-il pas soin de l’affectivité des disciples marqués par le poids des paroles qu’il a prononcées à propos de son départ et de sa fin tragique, et le geste qu’il vient de poser en leur lavant les pieds ? Je décèle beaucoup d’affection et de tendresse dans cette parole. Question de ton peut-être ; et cela fait du bien, surtout en ces temps où nous sommes tous assignés à résidence parce qu’un ennemi mal connu cherche à nous nuire. L’angoisse est là, elle étreint plus ou moins fort. Angoisse de l’inconnu, de l’absence, de la solitude, de déplacement, de départ.
N’est-ce pas l’angoisse qui pousse Thomas à poser sa question, à partager son ignorance : « nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous en connaître le chemin ? » Elle est si longue la distance entre « savoir » et « connaître ». Focalisé sur une présence à saisir et à maintenir à tout prix parce qu’essentielle, bonne et vitale, Thomas ne comprend pas, n’entend pas ce que Jésus est en train de dire : il va dans la maison de son Père nous préparer une place, notre place à tous et à chacun, place à nulle autre pareille tant le ‘lieu’ est personnalisé en la demeure de l’amour. Et c’est pour cela que le départ de Jésus est nécessité absolue. Mais son départ est déjà (re)venue ! Son départ et sa venue sont déjà de l’aujourd’hui de nos vies. Difficile à envisager sans doute, sauf à reconnaître le Dieu dans lequel nous croyons- c’est Jésus qui l’affirme : « vous croyez en Dieu » – en Jésus qui est à la croisée et sur tous nos chemins. « Croyez aussi en moi ». Oser aujourd’hui la confiance en Jésus, en la parole qu’il nous laisse pour faire fructifier la Présence de l’Unique dans l’intime de nos vies, la partager largement et préparer la place de choix au creux de l’amour du Père pour le Fils.
« Tu fais de nous les gardiens de ta Lumière
Les veilleurs de ton indéfectible Présence au cœur du monde
Viennent la nuit et son cortège de peurs
Et tu nous donneras par la foi
Le pouvoir de faire résonner ta voix dans le silence. »
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